Avenir institutionnel : Manuel Valls, dans les pas de Michel Rocard, pour aboutir à un consensus

Manuel Valls losr d'une visite à Nouméa
Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, est de retour en Calédonie, avec l’ambition de poursuivre le dialogue entre les différentes forces politiques du pays. S’inspirant de la démarche de son mentor, Michel Rocard, il mise sur l’écoute et le compromis pour parvenir à un nouvel accord sur l’avenir institutionnel.

Un nouveau cycle de discussions autour du prochain statut de la Nouvelle-Calédonie doit débuter ce samedi 29 mars, entre indépendantistes, non indépendantistes et l’État. Des débats, dans un contexte de crise économique et sociale, cadrés par Manuel Valls. Et le ministre des Outre-mer ne connaît que trop bien les enjeux calédoniens en raison, notamment, de ses collaborations passées avec Lionel Jospin (1997-2002) et Michel Rocard (1988-1991) auquel il fait souvent référence. 

Calmer le jeu et prendre le temps de s’écouter, pour avancer 

S’inspirant de la stratégie qui a permis la signature des accords de Matignon, Manuel Valls a prouvé sa capacité à instaurer un climat de confiance, en faisant preuve de diplomatie et de persévérance. Une approche qui lui a notamment permis de réunir, lors de son dernier séjour en Nouvelle-Calédonie, indépendantistes et non indépendantistes autour de la même table. Une première depuis quatre ans. 

Mais les défis demeurent persistants avec, cette fois, l’ambition de parvenir à un accord politique qui tienne compte des aspirations de toutes les composantes de la société calédonienne. Et cela, en prenant le temps nécessaire, sans date butoir. Dernièrement, le ministre insistait sur l’importance de ne pas précipiter le processus, affirmant que “parfois, on a voulu précipiter les choses et c’est pour ça que ça n’a pas marché”.

“Le courage de céder sur certains points au nom d’un objectif plus essentiel” 

Dans un contexte de tensions continues entre les différents camps politiques, l'attitude du ministre sera primordiale. Et nul doute que, là encore, Manuel Valls empruntera le chemin de ses aînés. Le ministre qui, récemment, appelait à continuer "à nous inspirer des anciens, de ce qui a réussi. Alors qu’il y avait eu 80 morts dans cette période, entre 1984 et 1988, des hommes ont trouvé la force d’aller de l’avant. Nous sommes placés exactement devant le même défi."

Il y a près de quatre décennies, c'est bien l'ancien Premier ministre de François Mitterrand, Michel Rocard, qui participait à ramener la paix sur le Caillou durant cette période dite des Événements. Dans un ouvrage, intitulé Faire la paix, l'ancien locataire de Matignon décrivait en quelques mots la méthode qui fut la sienne : "La paix, c’est la négociation, c’est le courage de céder sur certains points au nom d’un objectif plus essentiel, le courage de transformer l’ennemi en interlocuteur." 

Une mission du dialogue en vue de restaurer la paix

Une philosophie qui permit d'atteindre le consensus. Mais qui fut précédée d'une mission de dialogue, composée de hauts fonctionnaires et de personnalités toutes "incontestables". Une idée de Michel Rocard, qui permettra le retour à un climat de confiance et à des discussions plus sereines. 

Quelques temps plus tard, il réunira à Paris les dirigeants indépendantistes et non indépendantistes pour des négociations d'une dizaine de jours, dans la plus grande discrétion. Objectif : construire un accord qui garantisse la paix et offre des perspectives à chacun. 

Au terme de ces échanges, les accords de Matignon seront signés le 26 juin 1988 par Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou sous l’égide de Michel Rocard. Le texte prévoit alors un rééquilibrage économique et social du territoire, la mise en place d’un scrutin d’autodétermination et un engagement de toutes les parties à respecter une paix civile durable. La méthode inspirera l'Accord de Nouméa, dix ans plus tard.