Bapak Soekasno est âgé de 95 ans. Il est le doyen de ces travailleurs javanais arrivés en 1949, qui ont fait leur vie en Calédonie. Il vit aujourd’hui à Ma Maison, au Faubourg Blanchot. Une journée de souvenir a été organisée ce samedi 19 juin, pour partager cette mémoire encore discrète.
Il avait le matricule B58, en 1949. Le 16 juin de cette année-là, le dernier convoi de travailleurs javanais arrivait à bord du Yang Tsé. Plus de 450 adultes et 44 enfants... et parmi eux, il y avait Bapak Soekasno, 24 ans. A l'occasion de la journée souvenir organisée pour lui, à la maison de retraite du Faubourg Blanchot, Catherine Adi, historienne, nous raconte.
Catherine Adi
Les témoins du passé
Celui qu'on surnomme "Papa Jean" est désormais trop âgé pour raconter cette histoire. Bapak, ou encore Jean, a 95 ans. Il est le passeur de mémoire des Orang Kontrak, les engagés sous contrats de Java. Ce 16 juin 1949, sur le bateau, il y avait une petite fille, Sukini, 10 ans à l'époque. Aujourd’hui, elle a 81 ans et elle se souvient de la traversée depuis l'Indonésie. "C'est un bateau de guerre. J'ai traversé pendant un mois quand même, c'est long, ce n'est pas comme maintenant. Parfois, les gens ne veulent pas raconter parce que c'est trop dur" explique-t-elle.
Des hommes et des femmes qui ont fait leur vie sur le Caillou et qui ont eu des enfants. Certains de leurs descendants étaient là ce samedi. "C'est une journée pleine d'émotions. Ces personnes (NDLR : travailleurs javanais) existent encore, elles sont les témoins du passé" explique Juliette, dont le père faisait partie du convoi.
Cette journée de souvenirs, est importante pour préserver cette mémoire. Soupia de son côté a dû faire des recherches. "Mes parents ne nous en ont pas parlé. Je veux connaître la vie de mon père, je suis allée aux archives et j'ai eu plein de réponses à mes questionnements à l'âge adulte, parce que quand on est enfant, on ne pense pas à tout ça" explique-t-elle.
Le reportage de Stéphanie Chenais.
Reportage Jean Soekasno
Un grand repas a été organisé pour passer cette journée avec Jean; rires et émotions étaient au rendez-vous, à Ma Maison, au Faubourg Blanchot. Quelques heures en musique avec des danses traditionnelles, que le vieil homme connaît bien.
Le reportage de Sheïma Riahi et Ondine Moyatea :