Brexit : le prix du nickel calédonien restera entre les mains du LME à Londres

La Bourse des métaux de Londres est la référence mondiale pour la fixation des cours du nickel
La Bourse des métaux de Londres fixe le prix du nickel produit dans le monde aujourd’hui. Avec ou sans Brexit, elle continuera à peser sur la Nouvelle-Calédonie.
 
Pour l’Union européenne, la sortie de la crise du Brexit, après l’échec de deux ans de négociations, dépend toujours de Londres. La date du Brexit, officiellement fixée au 29 mars, pourrait être reportée pour éviter une sortie brutale. Londres est la première place mondiale du marché des matières premières industrielles. Elle compte pour la Nouvelle-Calédonie et sa production de nickel.
 

LME Nickel

La valeur de la production mondiale de nickel, et donc celle de la Nouvelle-Calédonie, dépend principalement du prix fixé par les traders qui évoluent autour de la corbeille de la Bourse des métaux de Londres (LME). Mais le nickel produit par la SLN (ERAMET), KNS (SMSP-GLENCORE), ou VNC (VALE) n’est pas exporté au Royaume-Uni. Pas de nickel calédonien dans les aciéries britanniques ? Pas de taxes ni de risques douaniers en cas de Brexit dur. En Europe, les principaux importateurs de nickel calédonien, sous forme de ferronickel, sont la Belgique, l’Espagne et l’Italie.
 

Pas d'alternative au LME

L’influence du LME sur la fixation quotidienne des prix du nickel est considérable. Et le restera même en cas de Brexit dur. "La référence des prix du nickel, c’est le LME. Ils sont très efficaces, c’est un marché très bien organisé. Avant que les Européens trouvent une alternative crédible, il y aura beaucoup d’eau qui se sera écoulée sous les ponts de la Tamise" estime Jean-François Lambert, consultant chez Lambert Commodities et spécialiste du financement des matières premières.

Prudent, malgré tout, le London Metal Exchange (LME) a conclu, lundi 18 février, un délai d’un an avec l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF). Même en cas de Brexit sans accord, la Bourse des métaux de Londres, principal opérateur mondial sur le marché à terme des matières premières, pourra poursuivre ses activités sans changement. La chambre de compensation (LME clear) qui dépend du marché à terme londonien des métaux continuera ses échanges, achats et ventes de métaux industriels. Les transactions de produits dérivés de matières premières se faisant en dollar seront sans impact sur la stabilité financière de l’UE. "Le LME a une expertise, une pratique de longue date. "La chambre de compensation du LME absorbe le risque, c’est un fonds de garantie. Ses régulateurs fonctionnent sur un marché très organisé. Le gros avantage des marchés organisés, c’est qu’ils absorbent les risques de contrepartie et sécurisent les acheteurs et les vendeurs de métaux industriels, comme le nickel ou le cuivre " conclut Jean-François Lambert.
 

Londres, capitale du négoce des métaux

Et après l’année de transition ? Il faudra attendre de connaître les conditions réglementaires et fiscales qui seront négociées entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. En attendant, si la plupart des échanges sur le LME sont transparents, l'Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) souhaite que tous les échanges soient concernés. La direction de la Bourse des métaux britanniques, propriété de Hong Kong Exchanges et de Clearing Ltd a déclaré à l’agence Reuters qu’elle se conformerait aux exigences de transparence. Face à la concurrence, la plus ancienne Bourse des métaux au monde a décidé de lancer un contrat réglé en espèces (cash settled) sur le cobalt. Le LME entend bénéficier de la vague montante de la voiture électrique et propose désormais un contrat physique pour ce métal indispensable à la fabrication des batteries des véhicules électriques. Une initiative qui montre que la Bourse londonienne des métaux est bien décidée à conserver son leadership pour la fixation des prix sur le nickel et les non-ferreux.