Un Calédonien sur cinq serait obèse

C’est la journée mondiale de l’obésité, ce mercredi. La Nouvelle-Calédonie est loin d’être épargnée. Selon le baromètre santé de 2015, en Nouvelle-Calédonie, un Calédonien sur cinq souffre d'obésité. Les jeunes sont de plus en plus concernés par ce problème sociétal.
Chaque année, l’obésité et les maladies associées augmentent en Nouvelle-Calédonie. On sait que ces maladies limitent l’espérance de vie. Chez les enfants, 32 % sont en surpoids à 6 ans et 42 % à 12 ans. Alors comment sont pris en charge les patients ? 
 

Diététique et exercices physiques


Un programme est déjà en place au CSSR, le centre de soins de suite et de réadaptation de Koutio, en faveur des personnes souffrant d’obésité. Ils sont une vingtaine de Calédoniens à être hospitalisé dans ce centre. Ici, les patients atteints d'obésité ont un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30
Première approche : des cours de diététique. L’équipe pluridisciplinaire accueille une dizaine de personnes, sur 4 semaines, pour suivre des ateliers théoriques et pratiques. Ils apprennent à s'alimenter en écoutant leurs envies tout en se faisant plaisir. 
 

Le but, c'est de leur réapprendre à manger et à bouger aussi. C'est sous forme d'ateliers interactifs; les résultats se font aussi avec la volonté du patient -  Cécile Brégeon, diététicienne nutritionniste.


Des ateliers qui semblent porter leurs fruits. Françoise a 44 ans et elle a pris conscience de son obésité et du danger pour sa santé. "On prend notre courage et on essaie de changer un peu notre vie quotidienne par rapport à notre santé; on fait des activités sports et piscine"
 

Des patients motivés

Ces patients bénéficient d’une totale prise en charge. "On est là vraiment pour essayer de reprendre les bases alimentaires, de reprendre un minimum d'activité physique. Il suffit juste d'un peu de volonté, d'une remise en mouvement et d'une alimentation équilibrée" explique Sandra Devaud, cadre de santé au CSSR

Sept personnes suivent ce programme dont un homme. "Je suis à 140 kg, j'ai perdu au moins trois kilos, je suis hospitalisé au moins pendant quatre semaines" confie Vianney.

Christine est pleine d’énergie, et surtout d’espoir; elle restait enfermée chez elle avec ses 160 kg devant la télévision avant de se prendre en main.
 

Je ne sortais plus de chez moi, ce n'est pas comme les régimes. On nous apprend des trucs simples, on a des assiettes quand même copieuses et puis c'est équilibré. Je suis très motivée, là je suis à 155 kilos et je vais continuer. On se fait des amis ici donc on va continuer.   - Christine


Les patients restent suivis par le médecin, après le programme, les résultats sont positifs et les pertes de poids s’étalent sur plus d’un an.


Des conséquences graves

Les patients souffrent très souvent de diabètes, d'hypertension, d'arthrose ou encore d'apnée du sommeil. En Nouvelle-Calédonie, près de 50 000 personnes seraient obèses, un véritable problème de santé publique. " Les gens ont eu un bouleversement de leur pratique nutritionnelle en assez peu de temps, en une vingtaine d'années ; un accés au magasin, aux produits transformés. Avec la précarité sociale, on va accéder aussi plus facilement à des produits gras et sucrés qu'à des produits comme les légumes ou les fruits" commente Nathalie Deboucher, médecin spécialiste de la nutrition.
 

Des causes diverses

Les mauvaises habitudes alimentaires ne sont pas les seules causes de l'obésité : le stress peut expliquer la prise de poids mais pas seulement.

" Dans 50% des cas, les causes de l'obésité sont psychologiques, d'abord avec les interactions précoces mère-enfant, de ces femmes qui tentent de calmer les émotions de leurs enfants par la nourriture; l'enfant va reproduire ça par la suite. La deuxième cause, en particulier chez les jeunes filles, elle se constitue face à ces troubles psychotraumatiques de nature sexuelle, avec une carapace pour échapper aux désirs "  explique Jean Yves Charlot, psychiatre.

Samedi 7 mars, des manifestations seront organisées sur la place des Cocotiers et aussi au Centre Culturel Tjibaou. 

Le reportage de Natacha Cognard et Nicolas Fasquel.
©nouvellecaledonie