Il a franchi deux grands océans, volé en Extrême-Orient russe, traversé le Grand Nord américain, rallié le «Vieux continent». Mais au cœur de la France, Hugues Jurion et son fidèle biplace ont buté sur un atterrissage enherbé. Mettant un terme au deuxième tour du monde amateur du pilote.
Hugues Jurion est sorti dimanche d’un «silence radio» de plusieurs jours. Et pour cause. Le pilote septuagénaire, parti de Calédonie pour tenter un deuxième tour du monde amateur, a été coupé dans son élan par «une bosse, deux bosses et un salto avant». Le 25 août, à Autry-Issards dans l’Allier, son fidèle Van's Aircraft RV-8 a fait la culbute en atterrissant sur un terrain en herbe. Conclusion exprimée dans le dernier message de son blog Facebook: «Fin du voyage.»
Au «pays des gens heureux»
L’aventure se termine trop tôt, pour l'aviateur aguerri parti de Magenta le 22 juin. Et passé par de multiples contrées, y compris la peu accessible Russie. Il y a un mois, c'est au Canada que nous l’avons laissé. Vaste pays que le promeneur des airs quittait une semaine après, le 11 août, avec une préférence avouée pour la province du Québec. «Le pays des gens heureux. Du moins, c'est l'impression que j'en ai, sans doute à cause de cet accent si charmant à mes oreilles.»Vers le Labrador
Hugues Jurion a séjourné dans la ville de Trois-Rivières, qui accueillait un Grand prix automobile. Puis il a «suivi le fleuve Saint-Laurent jusqu'à Sept-Iles», d'où il a mis le cap au nord pour terminer par Happy-Valley Goose Bay. Une toute petite ville dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador.Otan et Guerre froide
«Goose Bay, c'est la base aérienne favorite des convoyeurs d'avions entre l'Europe et l'Amérique par l'Atlantique Nord, signalait le touriste aérien. Mais c'était aussi une base de l'Otan pendant la Guerre froide. Elle en a gardé des souvenirs, comme un magnifique quadriréacteur delta Avro Vulcan anglais, et l'antenne d'un radar militaire d'approche des années soixante, le GCA.»Un «pingouin» au Groënland
Adieu, le Canada. Le bimoteur et son occupant en «combinaison de pingouin» ont traversé la mer du Labrador et le détroit de Davis. Direction Narsarsuaq, Groënland, Danemark.«A chacun son aventure»
«En visitant le petit port local, raconte le pilote, j'ai fait la connaissance d'un marin plaisancier français qui va aller de Narsarsuaq jusqu'aux Açores pour tester un "drone maritime" de son invention et vérifier l'existence, ou non, du fameux tourbillon où se concentreraient les détritus plastiques du monde entier. A chacun son aventure.»Cap sur l'Islande
Celle d'Hugues Jurion s'est poursuivie en quittant le Groënland par un temps grandiose - qui s'est gâté - pour rallier l'Islande. «Posé à [l'aéroport international de] Keflavík, une mauvaise surprise m'attendait. Une fissure s’était formée à l'arrière-droit de la verrière. A basse température, le matériau qui la constitue devient cassant et peut-être mon vol prolongé à -17° en a été la cause», estimait le «pingouin».Wick en Ecosse
Après deux désagréables expériences de surfacturation, c'était le départ pour les Highlands, en Ecosse. «Wick m'avait été recommandé et je n'ai pas été déçu!», a remercié le papy volant, qui y a séjourné deux jours. «Un vrai petit bonheur de chaleur humaine avec ses ambiances de pub embrumé, de bière et de whisky.».Retour en France
L'étape suivante l'a ramené en terre française. Bordeaux, puis Saint-Denis-de-l'Hôtel près d'Orléans. «Escale familiale mais aussi technique puisque, j'y ai fait la révision réglementaire des 100 heures.» Une fois le biplace bichonné, direction Muret près de Toulouse pour causer avec «un ami constructeur de Van's RV8 et pilote d'essai de l'A350 néo à ses heures».Rassemblement du Van's club
C'est à la destination suivante, le terrain du domaine de la Tuilière situé dans l'Allier, que «les choses ont mal tourné». Hugues Jurion comptait participer à un rassemblement du Van's club de France, au lendemain de son arrivée. «Petite navigation sympathique par grand beau temps, a-t-il décrit. Quelques orbites autour de ce terrain en herbe que j'avais du mal à situer. L'ayant bien repéré, belle approche tranquille par vent calme à la bonne vitesse, arrondi au seuil et touché des roues début de piste. Puis une bosse, deux bosses et... salto avant.»