Calédoniens ailleurs : Laura Stil, un rayon de soleil dans la tourmente du Covid-19

Calédoniens ailleurs : Laura Stil, un rayon de soleil dans la tourmente du Covid-19
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Études, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure hors du Caillou ? Cette semaine, Laura Stil externe en médecine.
 
Des messages pleins d’entrain et de chaleur. Une interview par téléphone dynamique et enjouée. Laura n’est pas Calédonienne pour rien. Par écrit ou de vive voix, la jeune femme de 24 ans dégage une énergie incroyable et une bonne humeur océanienne qui font plaisir à entendre. L’externe en médecine est un vrai rayon de soleil qui a, tant bien que mal ces huit dernières semaines, brillé dans cette terrible tempête que représente la pandémie de coronavirus. Tout comme le reste de ses collègues soignants, elle a souhaité être aussi efficace et disponible qu’attentionnée et déterminée.

En cinquième année à la faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie à Paris, Laura a vu son quotidien changé de jour au lendemain à la mi-mars. En stage chaque matin au service réanimation pédiatrique avant le Covid-19, la Calédonienne a dû jongler pendant la crise sanitaire entre son nouveau stage en urologie, ses cours, ses révisions pour le concours, des conférences chaque mercredi et dimanche jusqu’à 23h, ses gardes aux urgences et nouveauté, ses gardes Covid. L’étudiante, qui est affectée à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, fait front malgré la mort, le manque de moyens et les urgences qui ont été vite saturées. « La première garde que j’ai effectué était le premier soir du confinement. On avait dit aux gens de rester chez eux excepté s’ils présentaient des symptômes graves de la maladie. Au final, tout le monde est venu. C’était le bazar, la panique partout. » « Ce soir-là, j’ai dû voir 70 patients Covid à moi toute seule, les gens paniquaient, il fallait les trier. »
 
Externe en médecine, Laura est en cinquième année à la faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie à Paris

Laura fait en sorte de rester positive en toutes circonstances. Tout comme ses collègues. « Il y a eu une ambiance incroyable, tout le monde se soutenait. » « Il y a eu des moments de fatigue mais je prenais tout cela de manière positive. Il fallait rester soudés et nous étions tous ensemble. Il y avait une vraie solidarité entre les soignants, les patients et le reste des gens. » La jeune femme a tout de même dû affronter des moments particulièrement durs. « Lors du pic de la pandémie, des personnes – des personnes âgées surtout – décédaient seules. On se disait que nous étions les dernières personnes à les avoir vu. » Une période qui a conforté une fois de plus la Calédonienne dans son choix de devenir médecin. Ce métier n’était pas une vocation. « Ce n’était pas une passion mais plutôt un concours de circonstances. J’adorais la SVT au lycée et surtout le corps humain. Je ne me voyais pas faire du commerce ou des maths donc ça m’a limité dans mes choix. Mais j’adore mon choix. Je voulais être fière de moi. »
 
Si Laura n'a pas encore choisi sa spécialité, elle souhaite exercer en Nouvelle-Calédonie

« Avec cette crise sanitaire, je n’ai jamais été aussi fière de faire médecine. Je me rends compte que mon métier sert vraiment à quelque chose. Je suis heureuse d’avoir été là. » Car Laura – tout comme plusieurs étudiants calédoniens en médecine – aurait pu être rapatriée en Nouvelle-Calédonie dès le début du confinement. « Nous avons refusé car on s’est dit que les hôpitaux auraient besoin de nous et puis il y avait une telle énergie. Les gens étaient impliqués et solidaires et ça faisait du bien. » Alors que la métropole a entamé son déconfinement depuis près d’une semaine, Laura effectuera sa dernière garde Covid le 24 mai. L’externe n’a qu’un message : « Rester solidaire ! »

par ambre@lefeivre.com