Calédoniens ailleurs : Lorenzo « Maky » Grochain au rythme de ses réussites

Calédoniens ailleurs : Lorenzo « Maky » Grochain au rythme de ses réussites
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d'emploi, envie d'ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l'aventure ailleurs ? Cette semaine, Lorenzo « Maky » Grochain, danseur.
 
« Je donne tout ce que j’ai. » Danseur infatigable, à l’énergie communicative, Lorenzo se donne les moyens de réussir. Grâce à sa motivation et son positivisme, le jeune homme est en route pour réaliser, à seulement 23 ans, ses rêves.  

Son amour pour la danse, Maky, de son nom de scène, le tient de sa mère. « Elle dansait le cap mais en mélangeant les styles, en créant ses propres chorégraphies. Elle m’a donné l’envie de danser, de vivre ça. » Le gamin de Ducos débute ainsi à 5- 6 ans en s’entraînant avec des copains du quartier. Plus qu’un passe-temps, le Kanak sent que c’est une véritable passion. « C’était dans mes gènes, j’avais le rythme. » A 8 ans, l’enfant se tourne vers le hip-hop. « N’ayant pas grandi en tribu, je ne m’identifiais pas complètement à la danse traditionnelle, le hip-hop reflétait ce que je vivais au quartier. » De battles en battles, le petit garçon s’entraîne toujours plus. Trois ans plus tard, c’est au krump (un style de danse urbaine d’apparence agressive à cause des mouvements exécutés rapidement ndlr) qu’il s’essaye. Lorenzo s’épanouit totalement dans cette nouvelle discipline. « J’y ai retrouvé l’esprit guerrier des danses traditionnelles kanak. »
 
Maky s’est spécialisé dans le hip-hop depuis son enfance

A 15 ans, ce fervent chrétien intègre le groupe des United Krumpers avant de monter le sien, Jesus Impact. Alors que la danse prend de plus en plus de place dans sa vie, l’adolescent s’interroge sur son avenir. Il obtient en 2014 un bac pro hygiène et environnement mais dans l’idée de devenir danseur professionnel. Bachelier, il se concentre sur son projet. « Je voulais découvrir d’autres danses, m’ouvrir au monde. » Si l’école de danse La Manufacture Aurillac lui tape dans l’œil, le jeune homme enchaîne d’abord les petits boulots pour poursuivre son rêve. En 2016, il auditionne pour cette école et est reçu. Lorenzo reçoit dans le même temps une bourse artistique de la Province sud. En septembre de la même année, il débute sa scolarité en intégrant la classe prépa de l’école, gonflé à bloc. « J’étais tout feu, tout flamme. Je dansais même sur des danses que je ne connaissais pas. » Son investissement paye. La directrice de l’établissement lui propose de travailler dans sa compagnie Vendetta Mathea
 
Le Calédonien poursuit sa scolarité à l’école de danse La Manufacture Aurillac

L’étudiant poursuit sur sa lancée, décidé à ne pas rater sa chance. « En dehors des cours, je passais ma vie à m’entraîner. Quand je suis arrivé en France, je me suis dit qu’il fallait que je donne tout, que je n’ai pas peur. » L’année suivante, l’étudiant en première année se voit proposer un poste d’enseignant au sein de La Manufacture Aurillac. L’occasion pour le Kanak de mettre à l’honneur sa culture. L’artiste propose un style expérimental, mélange de cap et de danses contemporaines. 

« J’essaye de faire partager l’énergie de Nouvelle-Calédonie avec mes élèves. »


Actuellement en deuxième année, Maky sera diplômé d’Etat comme professeur de danse l’année prochaine. Mais le Calédonien ne compte pas s’arrêter là. « Ce rôle de prof m’a ouvert les yeux. Je veux aller plus loin dans mes études, j’aimerais être directeur artistique. J’aimerais à l’avenir rentrer au pays et monter des structures qui valorisent notre culture calédonienne. »

Le Kanak est également enseignant dans son école, il initie ses élèves au cap

par ambre@lefeivre.com 
Quel regard Maky porte-t-il sur son parcours ?
J’ai connu des périodes de galère au pays mais à partir du moment où j’ai réalisé que j’avais le potentiel pour réaliser mes rêves, il y a eu un déblocage, je me suis dit : 'fonce'. J’ai suivi mes rêves, je n'ai rien lâché. Je me suis dit que rien n'était impossible. A force de travail et de positivisme, je savais que j'allais m'améliorer. Je veux être ambassadeur des jeunes de mon pays : montrer qu'on peut réussir. On doit se porter vers le haut.