Calédoniens ailleurs : Malo Leseigneur, là où le vent le mène

Calédoniens ailleurs : Malo Leseigneur, là où le vent le mène
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d'emploi, envie d'ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l'aventure ailleurs ? Cette semaine, Malo Leseigneur, futur kinésithérapeute.

 
« J’ai eu du mal à trouver ma voie car j’avais le choix mais j’ai eu de supers expériences, j’ai fait plein de choses dans ma vie. » Ancien champion de France de voile, Malo s’est laissé porter par les vents pendant des  années. En mettant un terme à sa carrière de sportif de haut niveau, il a trouvé sa voie.

Ce mordu de voile navigue depuis tout jeune. Petit garçon, il rejoint la Nouvelle-Calédonie en bateau depuis la métropole. De cette expérience, le Nouméen en garde des réflexes – économiser l’eau et l’électricité- mais surtout une passion incommensurable pour la voile et l’océan. Dès son plus jeune âge, il commence ainsi l’optimisme avant de faire du laser. Très sportif, il fait également du tennis, du cheval et un peu de foot mais c‘est en mer qu’il excelle. Un vrai  poisson dans l’eau !  Malo multiplie ainsi les trophées. Champion de Nouvelle-Calédonie, vainqueur aux Jeux du Pacifique en laser en 2011, sept fois champion de France, le Calédonien a un palmarès impressionnant. Bon élève, il s’interroge sur son avenir une fois le bac en poche. Il décide de faire une licence de droit à l’université de Rennes. Un choix judicieux car il intègre dans le même temps le pôle voile de Brest. Sportif de haut niveau, l’université lui propose alors d’aménager son emploi du temps. « J’ai fait ma licence en six ans et non en trois. Cela m’a permis de me concentrer sur mon sport. » Le Calédonien continue ainsi son ascension sportive, multipliant les voyages en métropole ou à l’étranger. Son objectif : les Jeux Olympiques. Classé deuxième aux épreuves de sélection, il ne participe pas aux JO de Londres en 2012. « Je n’étais pas frustré et je n’ai pas de regrets. »
 
Le Calédonien a été plusieurs fois champion de France de voile en laser

La période des Olympiades passée, il lui reste alors une année pour obtenir sa licence. Malo décide de la décrocher via une validation des acquis de l’expérience. Il intègre en tant que juriste une entreprise de paris sportifs basée à Brest tout en continuant de faire de la voile. En 2013, sa licence de droit en poche, Malo s’interroge sur son avenir. « Je me suis dit que le métier de juriste allait me bouffer. » La question de sa carrière sportive se pose également. Pour le Calédonien, les conditions n’étant pas réunies pour qu’il continue la voile à haut niveau, il décide de mettre un terme à sa carrière. « Je suis rationnel. Sur le coup, j’avais pris la bonne décision. Mais ce fut difficile.  Je ne me suis pas approché d’un bateau pendant deux ans après ça. » Le jeune homme peut se concentrer alors sur son avenir professionnel. « Il me fallait un métier où je bouge et qui est lié au sport. Kiné était le bon choix. »
 
Malo est installé à Townsville depuis plus de trois ans

Malo décide de reprendre ses études en Australie. « J’en avais marre de la météo en France et je voulais me rapprocher de ma famille. » Il s’installe à Townsville et après avoir obtenu son IELTS, il intègre la James Cook University pour faire son bachelor of physiotherapy. « Il y a plus de pratique qu’en France. Dès la première semaine, je massais des gens. » Le niveau étant élevé, le Calédonien, qui s’apprête à rentrer en quatrième et dernière année, n’a pas compté ses heures pour réussir ses examens. Une fois diplômé, Malo ira là où le vent le mène, en Australie, au Canada ou dans un autre pays du Commonwealth. « La Nouvelle-Calédonie reste une possibilité mais cela risque d’être dur de trouver du travail même avec une équivalence. »

par ambre@lefeivre.info 
 
A quatre mois du référendum d’autodétermination, découvrez chaque semaine, le regard que porte le « Calédonien ailleurs » de la semaine sur cette échéance. Malo a répondu à nos questions.
Comment appréhendez vous le référendum ? Etes vous serein, inquiet ? 

Je viens par épisode en Nouvelle-Calédonie depuis trois ans. Ca me permet de comparer les instant T. Il y a deux ans, les Calédoniens étaient très agités, il y avait de la tension. Là, je trouve que le pays est apaisé. Je suis plus serein, les Calédoniens sont matures. Je pense que ça va bien se passer même s’il y aura des échauffourées.  
La Coupe du monde a rendu les gens heureux, cela a permis de réunir les gens. On a eu ça à Nouméa. Quand on veut être ensemble, on sait le faire.


Quelle vie voulez-vous construire là-bas ?

J’aime bien aider les gens d’où le fait que j’ai choisi de devenir kiné. Mais je pense qu’il y a de très bons kinés en Nouvelle-Calédonie et en voile, il y a aussi de très bons techniciens. Je suis prêt à venir voir le pays se développer. Si je rentre, c’est plus pour la qualité de vie, ce que la Nouvelle-Calédonie m’apporte plus que je peux lui apporter, même si je suis prêt à apporter ma pierre à l’édifice.

Comment la Nouvelle-Calédonie doit se développer ? Dans quels domaines ? 

La Nouvelle-Calédonie a été très riche et continue de vivre comme si c’était encore le cas. On vit au-dessus de nos moyens. Je pense que l’on doit payer une partie de nos soins mais ca va être compliqué de faire passer ça. Si on veut travailler ensemble, c’est un pays qui ne peut aller que dans le bon sens.