Calédoniens ailleurs : Matthieu Babe, au cœur de l’innovation

Calédoniens ailleurs : Matthieu Babe, au cœur de l’innovation
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d'emploi, envie d'ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l'aventure ailleurs ? Cette semaine, Matthieu Babe, « designer- entrepreneur ».
« J’ai soif de faire, de créer quelque chose qui faciliterait la vie des gens ». Designer, co-fondateur de la start-up Pinpo, à 27 ans, Matthieu imagine le monde de demain.  Pour le Calédonien, il s’agit de penser un futur connecté, qui simplifierait le quotidien tout en apportant une touche de créativité et d’originalité.  

Une imagination et un désir d’innovation favorisés dès son enfance. Fou de maquettes, très manuel, un brin artiste, en classe d’audiovisuel et de théâtre, Matthieu se prend de passion pour « l’identité » (éléments qui se rapportent à la personnalité d’une marque ndlr) et la publicité au collège. « J’aimais bien comment une simple typographie, une simple couleur, un simple son d’une pub pouvait nous émouvoir. Comment la communication visuelle pouvait faire battre notre coeur ».  Au lycée Blaise Pascal, le jeune homme choisit de faire un bac STMG option marketing. Décidé à faire de la pub, il  multiplie les stages au sein des agences de Nouméa.  L’année de terminale, un accident lui fait repenser ses plans. Bachelier, il part l’année suivante six mois à Sydney faire une école de langues et décide de faire une école de design. Sélectionné après concours pour intégrer l’école Intuit Lab, Matthieu part s’installer à Paris en 2009.  Pendant trois ans, l’étudiant apprend tout de la communication visuelle, du packaging à la scénographie en passant par le design d’objet.
Le Calédonien dans son école de design

A la fin de son année de licence, le Calédonien fait son stage au sein de la prestigieuse agence de communication digitale Fred & Farid. Impliqué au sein de nouveaux projets 100% digitaux, Matthieu change son fusil d’épaule. « Je me suis dit que je ne voulais pas faire de la pub, je voulais faire du digital, de l’innovation, être dans le futur du design ». En master, il se spécialise dans cette voie. Il part un semestre à l’université de Shanghai. Le Calédonien partage son temps entre les cours et l’agence locale de Fred & Farid. Là encore, il participe à de nombreux projets innovants comme le lancement du « Taï chi hop » un mélange des deux disciplines, imaginé pour favoriser une marque française de vêtements de sports. 
Matthieu et les fondateurs de Pinpo

En M2, en alternance, il intègre SEENK, un autre agence de communication visuelle et digitale tournée vers l’intelligence artificielle. « Nous étions en 2014 et avec le boom des objets connectés, j’avais l’intuition que l’intelligence artificielle était la prochaine étape dans le digital ».  Pendant cette année, Matthieu repense le design de l’affichage des scores de Roland Garros. « On l’a repensé avec une ambiance 100% digital avec l’affichage des tweets, de l’influence sociale ».  L’ambiance micro start-up de l’agence lui donne des idées. Après avoir rencontré ceux qui seront ses futurs associés, il co-lance Pinpo, la première start-up spécialisée dans le matching immobilier.  Diplômé en 2015, il met  depuis toute son énergie à développer sa petite entreprise. 

Le Calédonien et une partie de la team Pinpo à Station F

par ambre@lefeivre.info 
La start-up Pinpo
Créée en 2015 par Matthieu, Laurence et Sacha (rejoins ensuite par Guillaume), Pinpo est le présent et l’avenir de l’immobilier décomplexé, le « Tinder de l’immobilier », comme s’amusent à dire ses fondateurs. L’algorithme développé par cette petite équipe permet aux agents immobiliers, propriétaires et locataires de trouver simplement et rapidement leur bonheur. Matthieu est le designer de cette solution. C’est à lui de penser une appli, un site et un logiciel beaux et bien conçus.

En deux annnées d’existence, la start-up a « tout vécu » dixit Matthieu. Intégrée au sein de l’incubateur Google à leur début, les entrepreneurs ont dû entièrement repenser leur idée, du business plan au design. « Les pro de chez Google nous ont dit que tout était à jeter, de tout refaire ». Revigorée, la start-up rejoint un autre incubateur, School Lab avant d’imaginer son propre espace de travail, HOPE « House Of Potes Entrepreneurs ». A la même époque, ils lancent leur appli. Après une première levée de fonds en décembre 2016, Pinpo se lance dans une nouvelle aventure. 

L’entreprise a été sélectionnée pour intégrer Station F, le plus grand campus de start-up au monde créé par Xavier Niel.  En deux ans, la solution comptabilise 55 000 utilisateurs, 2000 utilisateurs par mois et plus d’une cinquantaine de clients.  Avec une seconde levée de fonds en projet, Matthieu  et ses associés veulent désormais se consacrer à la prospection et à la recherche et développement. « On a l’expérience d’avoir fait ce qu’il ne fallait pas faire donc on marche de mieux en mieux. On y croit tous les jours ! »