Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Études, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure hors du Caillou ? Cette semaine, Olé-Hassan Xulue, animateur socioculturel.
Kanak métissé Papou au riche passé familial. Calédonien engagé et militant, œuvrant pour le destin commun et l’avancement « d’un vivre et faire ensemble pour le pays ». Artiste dans l’âme pour qui « l’art est un moyen de faire passer un message et un levier pour l’humanité ». Animateur et médiateur décidé à créer du lien social et culturel. De par son parcours et son héritage, Olé-Hassan lie passé, présent et avenir de la Nouvelle-Calédonie.
Son passé familial, Hassan l’assume totalement. Né d’un père issu du district du Wetr à Lifou et d’une mère originaire de Papouasie- Nouvelle-Guinée, le Calédonien grandit en étant « très marqué par l’histoire de sa famille ». « Elle s’est beaucoup engagée dans la politique, l’éducation et l’art. Je vibre de ça. » « Hassan est un prénom arabe. On me l’a donné en guise de souvenir alors que ma famille a vécu deux ans en Libye quand mon père travaillait pour le Front Uni de Libération Kanak (FULK). » Lui qui se définit comme « un enfant du monde » à « l’ancrage familial international » parle cinq langues et assume son multiculturalisme. Une richesse qui va lui permettre de trouver sa voie.
Initié très tôt aux chants et aux danses de Wetr, le Kanak se prend de passion pour la danse urbaine. À douze ans, il est l’un des membres fondateurs du groupe RésurrectiOn. Plus qu’une bande de jeunes excellant en hip-hop, le groupe se veut être rapidement un vecteur de lien social. « Je me rappelle de deux animateurs jeunesse qui sont venus nous voir et qui nous ont dit : ‘vous voulez danser pour danser ou danser pour transmettre un message ?’ J’ai compris que le monde de l’animation était aussi là pour mener des actions pour sensibiliser sur des messages.» L’adolescent s’implique alors corps et âme dans ce groupe. « Au-delà de faire danser les gens, on voulait mutualiser les compétences, les savoirs et surtout créer des liens. Mettre en avant l’art pour créer du lien social à Rivière Salée. Avec RésurrectiOn, on a lancé un mouvement urbain calédonien qui mêle tradition et modernité. » Le groupe, acteur de la scène artistique calédonienne, se produit jusqu’en métropole et sur la Gold Coast.
Hassan qui pense un temps devenir professeur d’espagnol décide finalement de rester sur cette voie des sciences humaines. « J’avais envie de m’investir pour les autres et d’être sincère dans mon travail.» Un bac ES en 2008 puis un BTS Économie, sociale et familiale en 2012 amènent le Calédonien à passer une licence professionnelle en coordination de projet culturel à Bordeaux. « J’ai fait un mémoire sur la relation séductrice entre l’animation socioculturelle et la culture hip-hop. » Ses recherches le conduisent jusqu’à New York et surtout à Harlem. « J’ai aussi pu analyser ‘scientifiquement’ le développement de RésurrectiOn. J’ai pu constater que le hip-hop est une contre-culture qui dit la vérité et ouvre des portes. » Diplômé en 2013, Hassan souhaite se mettre encore plus au service de la communauté. Il participe ainsi au programme du Service Volontaire Océanien et est envoyé au Vanuatu l’année suivante. Au musée national, le Kanak développe la direction de l’animation. « Ça m’a permis de découvrir le monde indépendant mélanésien. J’étais en immersion. J’ai pu contribuer collectivement à un festival, le KaleExpo qui permet de faire le lien entre Vanuatu et Nouvelle-Calédonie à travers l’igname pour la première édition, la femme (2017) et la place des enfants (2019). »
De retour au pays en 2015, Hassan devient responsable du département des spectacles vivants au Centre Culturel Tjibaou. Incité par ses proches et ses collègues à poursuivre ses études, le Calédonien obtient une bourse pour faire un master en médiation de l’éducation artistique et culturelle à Paris. Il travaille notamment sur les politiques linguistiques Kanak, Basque et Occitane comme vecteur de développement aux politiques publiques et culturelles, notamment dans les projets éducatifs alternatifs comme les Ikastola (écoles bilingues basques) et les Calandretas (écoles bilingues occitanes). « J’ai pu les comparer aux écoles populaires kanak et toute la politique éducative et culturelle calédonienne. Démontrer qu’il y avait d’autres manières de faire de la pédagogie. » Diplômé en juin 2019, Hassan travaille depuis avec la mairie de Saint-Martin de Seignanx (commune des Landes) comme animateur socioculturel. Le Kanak a déjà des projets pour s’investir plus que jamais dans l’avenir de son pays. « Je rêve de travailler au vice-rectorat pour contribuer au développement de l’EAC, c’est-à-dire l’éducation artistique et culturelle et apporter mon expertise en ingénierie de projet EAC. » Car il est en persuadé, c’est en créant du lien et en mutualisant les pensées que l’on avance.
par ambre@lefeivre.com
Son passé familial, Hassan l’assume totalement. Né d’un père issu du district du Wetr à Lifou et d’une mère originaire de Papouasie- Nouvelle-Guinée, le Calédonien grandit en étant « très marqué par l’histoire de sa famille ». « Elle s’est beaucoup engagée dans la politique, l’éducation et l’art. Je vibre de ça. » « Hassan est un prénom arabe. On me l’a donné en guise de souvenir alors que ma famille a vécu deux ans en Libye quand mon père travaillait pour le Front Uni de Libération Kanak (FULK). » Lui qui se définit comme « un enfant du monde » à « l’ancrage familial international » parle cinq langues et assume son multiculturalisme. Une richesse qui va lui permettre de trouver sa voie.
Initié très tôt aux chants et aux danses de Wetr, le Kanak se prend de passion pour la danse urbaine. À douze ans, il est l’un des membres fondateurs du groupe RésurrectiOn. Plus qu’une bande de jeunes excellant en hip-hop, le groupe se veut être rapidement un vecteur de lien social. « Je me rappelle de deux animateurs jeunesse qui sont venus nous voir et qui nous ont dit : ‘vous voulez danser pour danser ou danser pour transmettre un message ?’ J’ai compris que le monde de l’animation était aussi là pour mener des actions pour sensibiliser sur des messages.» L’adolescent s’implique alors corps et âme dans ce groupe. « Au-delà de faire danser les gens, on voulait mutualiser les compétences, les savoirs et surtout créer des liens. Mettre en avant l’art pour créer du lien social à Rivière Salée. Avec RésurrectiOn, on a lancé un mouvement urbain calédonien qui mêle tradition et modernité. » Le groupe, acteur de la scène artistique calédonienne, se produit jusqu’en métropole et sur la Gold Coast.
Hassan qui pense un temps devenir professeur d’espagnol décide finalement de rester sur cette voie des sciences humaines. « J’avais envie de m’investir pour les autres et d’être sincère dans mon travail.» Un bac ES en 2008 puis un BTS Économie, sociale et familiale en 2012 amènent le Calédonien à passer une licence professionnelle en coordination de projet culturel à Bordeaux. « J’ai fait un mémoire sur la relation séductrice entre l’animation socioculturelle et la culture hip-hop. » Ses recherches le conduisent jusqu’à New York et surtout à Harlem. « J’ai aussi pu analyser ‘scientifiquement’ le développement de RésurrectiOn. J’ai pu constater que le hip-hop est une contre-culture qui dit la vérité et ouvre des portes. » Diplômé en 2013, Hassan souhaite se mettre encore plus au service de la communauté. Il participe ainsi au programme du Service Volontaire Océanien et est envoyé au Vanuatu l’année suivante. Au musée national, le Kanak développe la direction de l’animation. « Ça m’a permis de découvrir le monde indépendant mélanésien. J’étais en immersion. J’ai pu contribuer collectivement à un festival, le KaleExpo qui permet de faire le lien entre Vanuatu et Nouvelle-Calédonie à travers l’igname pour la première édition, la femme (2017) et la place des enfants (2019). »
De retour au pays en 2015, Hassan devient responsable du département des spectacles vivants au Centre Culturel Tjibaou. Incité par ses proches et ses collègues à poursuivre ses études, le Calédonien obtient une bourse pour faire un master en médiation de l’éducation artistique et culturelle à Paris. Il travaille notamment sur les politiques linguistiques Kanak, Basque et Occitane comme vecteur de développement aux politiques publiques et culturelles, notamment dans les projets éducatifs alternatifs comme les Ikastola (écoles bilingues basques) et les Calandretas (écoles bilingues occitanes). « J’ai pu les comparer aux écoles populaires kanak et toute la politique éducative et culturelle calédonienne. Démontrer qu’il y avait d’autres manières de faire de la pédagogie. » Diplômé en juin 2019, Hassan travaille depuis avec la mairie de Saint-Martin de Seignanx (commune des Landes) comme animateur socioculturel. Le Kanak a déjà des projets pour s’investir plus que jamais dans l’avenir de son pays. « Je rêve de travailler au vice-rectorat pour contribuer au développement de l’EAC, c’est-à-dire l’éducation artistique et culturelle et apporter mon expertise en ingénierie de projet EAC. » Car il est en persuadé, c’est en créant du lien et en mutualisant les pensées que l’on avance.
par ambre@lefeivre.com