Calédoniens ailleurs : sergent Yacinthe, engagé pour sauver des vies

Calédoniens ailleurs : sergent Yacinthe, engagé pour sauver des vies
S’il a quitté la Nouvelle-Calédonie pour s’engager et défendre les populations, jamais le sergent Yacinthe n’aurait imaginé combattre un virus sur le territoire national. Volontaire à l’hôpital militaire de campagne de Mulhouse, il lutte contre le coronavirus.
 
Emmanuel Macron l’a dit : « Nous sommes en guerre ». En guerre contre le coronavirus. Et le sergent Yacinthe, militaire calédonien affecté au régiment médical (RMed), stationné au camp de La Valbonne, est entré dans la bataille. Voilà six semaines qu’il s’est porté volontaire pour être déployé sur l’Équipement Militaire de Réanimation (EMR) (l’hôpital militaire de campagne ndlr) de Mulhouse.

Une décision qui s’explique par l’état d’esprit dans lequel il a toujours été depuis qu’il s’est engagé. « Au centre de recrutement en Nouvelle-Calédonie, je me suis présenté en disant que je voulais sauver des gens. » Entré dans l’armée le 9 août 2001, il est orienté vers le troisième régiment médical. Grâce à ses presque deux décennies de service, le Calédonien d’origine wallisienne a pu multiplier les fonctions et les missions. En Côte d’Ivoire, en Afghanistan, en Angleterre mais aussi en Outre-mer. Des compétences et de l’expérience qu’il met à profit à l’EMR depuis le 18 mars. Là-bas, le sergent Yacinthe a une triple casquette, il est responsable et gestionnaire du flux de matériel, il a la responsabilité des véhicules et des déplacements du personnel de l’hôpital et enfin il est adjoint au major de camp. Toute la journée, il jongle entre la rotation des navettes pour aller récupérer le personnel, la gestion et le contrôle des livraisons et il centralise les besoins de l’EMR auprès du major de camp. Trois missions exigeantes que le militaire de 40 ans gère en toute sérénité. « Je ne suis pas seul, nous travaillons en équipe et sommes bien synchronisés. »
 
A l'EMR de Mulhouse, le sergent Yacinthe a une triple casquette, il est responsable et gestionnaire du flux de matériel, il a la responsabilité des véhicules et des déplacements du personnel de l’hôpital et enfin il est adjoint au major de camp

Qu’en est-il de la pression, lui qui travaille dans une région (le Haut-Rhin ndlr) parmi les plus touchées par le coronavirus et qui a vu le nombre de décès explosés en mars ? « Ce n’est pas la première fois que je vais en mission où il y a de la pression. Mais il ne faut pas y céder. » En première ligne pour lutter contre le coronavirus, le sergent Yacinthe partage les sentiments qu’éprouvent bon nombre de soignants. « Ça fait peur à tout le monde. Il y a toujours une petite crainte », avoue-t-il non sans éprouver une certaine fierté à accomplir sa mission. « Quand on est déployé en opération extérieur, on est fier de venir en aide aux populations, on sait pourquoi on s’est engagé. Mais là, on est encore plus fier car on aide les Français. C’est rare ce genre de missions. » Au plus fort de la crise, une trentaine de patients Covid-19 était soigné, près de 50 au total ont été pris en charge sur l’EMR SSA.

La situation s’est depuis considérablement améliorée à Mulhouse et dans la région. Depuis le 28 avril, l’hôpital est passé de 30 à 10 lits de réanimation. En six semaines, l’EMR aura fait ses preuves. « Quand j’ai mon deuxième enfant au téléphone, il me dit que je suis un héros. » « Moi, je pense qu’en tant que soldat, on a une mission et qu’on doit l’accomplir. Je voudrais qu’on pense à tous ceux qui nous attendent à la maison. Ils ont un grand rôle car ils nous soutiennent et ils gèrent tout, seuls. » En attendant de retrouver sa femme et ses enfants, le sergent Yacinthe participe aux opérations de démontage de la structure, sans savoir ce qu’il adviendra des prochaines semaines. L’EMR pourrait être réaffecté en fonction des besoins, en Outre-mer notamment.
 
Calédoniens ailleurs : sergent Yacinthe, engagé pour sauver des vies

par ambre@lefeivre.com