Calédoniens ailleurs : Victor Caritte, l’écologie, un engagement, un choix de vie

Calédoniens ailleurs : Victor Çaritte, l’écologie comme choix de vie
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Études, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure ailleurs ? Cette semaine, Victor Caritte, consultant en développement durable.
« Nous sommes la première génération à ressentir les effets du réchauffement climatique et la dernière à pouvoir faire quelque chose. C’est ce qui justifie mon impatience et ma volonté d'agir. » C’est l’histoire d’une prise de conscience, d’un combat climatique, d’un engagement écologique construit pas à pas, mais dorénavant chevillé au corps.

L’envie de protéger la nature, c’est dès l’enfance que Victor s’en imprègne. Le petit garçon effectue un voyage d’un an et demi entre les Antilles et la Nouvelle-Calédonie. « Cette expérience m’a montré la beauté de la planète, l’envie de la protéger. Quand tu vis dans un bateau, tu apprends à vivre avec peu. » Et si par la suite, le lycéen ne sait pas ce qu’il souhaite faire à l'avenir, il sait déjà « qu’il fera un métier avec une portée éthique, qui sert à quelque chose. » Un bac S obtenu en 2007, cet excellent élève intègre la prépa maths-sup maths-spé à Jules Garnier. « Je me doutais que cela allait aboutir à une carrière d’ingénieur. » Les concours passés, il est admis à Centrale Lyon. Arrivé en 2009 en métropole, ce Calédonien de première génération a dans l’idée de travailler dans les énergies renouvelables. « C’était dans l’air du temps et j’ai voulu mettre mon énergie dans ce développement. » Un stage sur le Caillou puis un autre chez Vinci Energie en Guadeloupe, l’étudiant est sélectionné pour intégrer un master spécialisé dans les énergies renouvelables à l’Impérial College de Londres. L'occasion de travailler pendant six mois à l’université pour une chaîne de supermarchés pour réduire leurs émissions de CO2. En 2012, son contrat terminé, son double diplôme en poche, le Calédonien revient en France et se met sur le marché du travail. Le jeune ingénieur creuse la piste des énergies renouvelables. Mais la récolte est faible. Victor choisit alors de s’orienter vers le conseil, toujours dans le même domaine. Le jeune homme est recruté en 2013 par Deloitte dans son département développement durable. Commence pour le Calédonien une période où il a « la tête dans le guidon ». Pour la partie audit de son métier, Victor parcourt le monde. Pour la partie conseil, il aide les grosses entreprises à réduire leur impact environnemental. Si l’écologie faisait partie de sa vie jusqu’alors, en 2017, son engagement va connaître un tournant radical. Marié en juin de cette même année, le jeune homme part avec sa femme en tandem pour un périple de treize mois. A vélo, ils vont de Poitiers (ouest de la France) à Nouméa en passant par l’Asie.
 
Avec son épouse, Victor a parcouru la moitié du monde à vélo

Un choix motivé par l’envie de ne pas polluer - du moins un minimum -  et de vivre pleinement l’instant présent. « Je suis parti en mode ‘je vais devenir bête sans travail’. Ce fut l’inverse. Je n’ai jamais autant lu, écouté, je ne me suis jamais autant instruit. J’ai réfléchi plus librement. » Une expérience qui fait office de détonateur pour Victor. « Je me suis rendu compte de la schizophrénie dans laquelle on vivait. Il y a quelque chose qui s’est fissuré dans ma conscience. On avait une empreinte carbone forte. En rentrant, nous voulions avoir un mode de vie en adéquation avec nos convictions. » L’ingénieur se renseigne longuement sur les conséquences de l’effondrement climatique. « Et il y a de quoi s’inquiéter. » Le couple se veut plus résilient. Ils déménagent à la campagne non loin de Tours, décident de ne plus prendre l’avion, et viennent d’acheter une ferme dans le but d’être autosuffisant. Côté professionnel, Victor tente de changer les choses à son échelle. Il lance un programme interne « Concevoir le métier à l’aube de la contrainte climatique. » Il s’agit d’évaluer ce que le collaborateur peut faire par rapport à son empreinte carbone et changer sa façon de travailler. Dans l’associatif, le trentenaire est animateur au sein de La fresque du climat, organisation qui propose des ateliers pour éduquer et s'approprier les enjeux liés au réchauffement climatique. Il milite auprès d’Extinction Rebellion « un moyen d’action nécessaire". "Pour diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, il faut un changement radical. Ça ne se fera pas avec la politique des petits pas. » Le Calédonien a également pour projet de monter une fanfare climatique à Tours. Plus engagé que jamais, Victor cherche à interpeller le plus grand nombre. « Il faut questionner notre rapport d’être au monde. Vivons simplement pour que d’autres puissent simplement vivre. »

par ambre@lefeivre.com