Calédoniens en Australie : Aurélie Merger, ingénieure dans une usine de cuivre, à Roxby Downs [3/7]

Après Koniambo pendant neuf ans, Aurélie a sauté le pas et s'est envolé pour Olympic Dam, dans le Sud de l'Australie, dans une mine et une usine de cuivre, uranium, or et argent.
Des cagous au pays des kangourous, il y en a beaucoup. De Perth jusqu’à Darwin en passant par Adélaïde, des Calédoniennes et des Calédoniens ont choisi une vie loin du Caillou. Doctorante, brasseur ou encore ingénieure... ces hommes et ces femmes ont accepté de nous raconter leur histoire. Dans cette nouvelle série de portraits, ce mercredi, rencontre avec Aurélie Merger, 33 ans. Avec son mari et leurs deux enfants, ils se sont installés dans une petite ville au cœur du désert, près d’une mine et d’une usine de cuivre et d’uranium.

On pourrait penser que vivre isolé au milieu de nulle part avait de quoi déstabiliser Aurélie et sa famille. Mais il n’en est rien, surtout "quand on a vécu presque neuf ans à Koné", rigole-t-elle. Anciennement ingénieure à l’usine de Koniambo, elle et sa famille vivent désormais à Roxby Downs, une communauté de 5 000 personnes, installée au cœur de l’outback de l’Australie-Méridionale, à six heures de route d’Adélaïde.

De la mine de nickel à la mine de cuivre et d’uranium

Son diplôme d’ingénieur en poche à Aix-en-Provence, Aurélie n’a aucune difficulté à trouver un poste en Nouvelle-Calédonie. Avec son mari, rencontré dans les Arts et métiers, elle s’installe à Koné et travaille pour l’usine pyrométallurgique de nickel. Nous sommes en juillet 2014. "J’ai fait une formation technique la première année. Puis je m’occupais des deux fours d’essai. J’avais quatre équipes à manager", raconte-t-elle. Mais au bout de neuf ans, l’envie d’ailleurs est inévitable pour elle, son mari, Jules et Charlie, leurs deux petits garçons. "Je voulais voir autre chose, d’autres sites, d’autre procédés. Les enfants sont jeunes, je me suis dit que ça pouvait être bien pour l’ouverture d’esprit de partir et aussi d’apprendre une autre langue."

Coucher de soleil sur l'usine de Roxby Downs


L’opportunité s’offre à eux de travailler en Australie. Pas à Brisbane ni Sydney, mais à Roxby Downs. 

Ça ne nous déplaisait pas d’aller vivre dans l’outback. Commencer petit, on s’est dit que ce serait plus simple pour les enfants.

Aurélie


Nouvelle vie mais aussi nouvel environnement de travail pour Aurélie et son mari. A Koné, le nickel faisait partie de leur quotidien. Mais à Olympic Dam, c’est le cuivre qui rythme principalement leurs missions professionnelles. Les revenus de l’usine sont issus à 75 % du cuivre, puis à 25 % l’uranium et enfin l’or et l’argent. La mine souterraine d’uranium de la région est d’ailleurs le deuxième plus grand gisement au monde. "Ici, tous les procédés sont différents de ce qu’on a connu. Les fours sont différents. On fabrique des grosses plaques de cuivre alors qu’à Koniambo, c’était des grenailles" précise-t-elle. Les journées sont longues : entre dix et douze heures.  

Fini la brousse calédonienne ; bonjour l’outback australien


En choisissant Roxby Downs, Aurélie voulait une ville à taille humaine. Et elle ne croyait pas si bien dire car Roxby Downs, c’est entre autres, deux écoles, une bibliothèque et pas d’hôpital, juste des petits centres médicaux. Elle a principalement été construite pour soutenir l’activité minière. Le village le plus proche se trouve à deux heures trente de voiture. En hiver, les températures peuvent chuter jusqu’à - 2° C et en été, le thermomètre dépasse parfois les 45° C. "Le container a mis cinq mois pour arriver et on n’avait pas prévu qu’il ferait aussi froid l’hiver, alors on a eu très froid au début ! On a foncé au magasin" rigole Aurélie. 

Au bout de quelques mois seulement, les deux enfants, Jules et Charlie, ont très vite appris l'anglais.



Côté adaptation, trouver ses mots en anglais n’a pas été chose facile autant pour les enfants que pour les parents. "Pour Jules, 5 ans, c’était difficile. Il ne comprenait pas tout, il dormait en cours. Pour nous, au début, dans les premières réunions, on devait comprendre seulement 30 % des conversations", raconte Aurélie. Sans oublier leur accent "à couper au couteau !", ajoute la jeune femme. Mais après seulement six mois, les choses sont plus fluides. Les enfants ont "l’accent caldoche parce qu’ils ont grandi à Koné, et l’accent du bush quand ils parlent anglais !"

Les journées sont très longues. Alors dès qu’elle est en week-end ou en vacances, la famille en profite pour découvrir l’immense région de l’Australie-Méridionale. Les Flinders Ranges, la ville souterraine de Coober Pedy ou encore la région viticole de la Barossa Valley, tout le monde en prend plein les yeux. "Il y a du wildlife partout. Ici, on revoit toutes les distances, tout est loin. Quand tu grandis sur une île, le pire scénario, souvent, c’est Nouméa-Tontouta" rigole Aurélie. La voiture familiale est équipée pour les longs trajets et la famille compte bien en faire encore beaucoup. "Tant qu’on est bien ici, ça va. Mais peut-être que d’ici trois ans, on se rapprochera d’une plus grande ville, pour les enfants."