Aymeric a 33 ans, Karen 53. De Nouméa à Melbourne en passant par Brisbane, ils possèdent deux parcours de vie très différents qui les ont menés au même endroit : l’aéroport international Tullamarine, à Melbourne. Entre expériences professionnelles, ambitions personnelles et pandémie mondiale, ils nous racontent leurs histoires. C'est en discutant un jour sur la plateforme interne de l’aéroport, qu'Aymeric croise la route de Karen, qui partage "la même maison" que lui.
Brisbane, ville de départ
Après son baccalauréat à Nouméa, Aymeric sait qu’il veut poursuivre ses études en anglais. L’Australie s’impose rapidement. Il quitte le Caillou en 2010 pour Brisbane, dans le Queensland. Après un double bachelor en relations internationales, relations publiques et journalisme puis un master en marketing et publicité, Aymeric a tout ce qu'il faut pour réussir. Pas en France, ni en Calédonie mais bien en Australie. "Après mon master, je voulais travailler dans le marketing, je voulais parler anglais toute la journée" explique-t-il. En avril 2021, il débute sa carrière dans l’aéroportuaire. Pendant plus d’un an, il est chargé des relations entre l’aéroport et les boutiques présentes dans les différents terminaux.
Karen a elle aussi, un lien particulier avec Brisbane. Calédonienne mais aussi Australienne, par son papa, elle a un lien particulier avec le Pacifique, c’est certain. Après une enfance à Nouméa, la famille part vivre à Fidji pendant un an et demi, puis à Auckland pendant deux ans pour finalement poser ses valises à Brisbane.
Contrairement à Aymeric, Karen ne fait pas d’études mais apprend tout sur le tas. Son expérience professionnelle, elle la construit au fil des postes qu'elle occupe. "J’ai travaillé longtemps avec Aircalin, au bureau de vente de la compagnie à Brisbane puis pour des compagnies sous-traitantes à l’aéroport" se souvient-elle.
De 2001 à 2013, elle est chef d’escale pour la compagnie à l’hibiscus. "J’étais responsable de tout ce qui se passait en escale : les équipages, le fret, la sélection des repas à bord…" raconte-t-elle. Un métier de l’ombre mais sans lequel rien ne serait possible.
Tous les jours, c’est quelque chose de différent. Au début, j’ai été attiré par l’aviation et les voyages et il y a le service client que j’apprécie beaucoup. Mais le côté opérationnel me plaît.
Karen
En pleine pandémie
En travaillant au coeur des aéroports, Aymeric et Karen sont confrontés à la crise sanitaire. En 2021, Aymeric prend ses fonctions à Brisbane en pleine période Covid ; loin de l'effrayer, il se lance à fond. "Même si le Queensland a été relativement épargné, les frontières n’étaient pas ouvertes avec les autres états d’Australie mais je l’ai vu comme un challenge, en plein milieu d’une pandémie mondiale" explique-t-il. Outre ses missions pour la stratégie commerciale des boutiques, Aymeric gère aussi le parking de l'aéroport, car "les mineurs continuaient de se déplacer dans le pays." Il prend aussi le temps de participer à la création du site internet pour les boutiques duty-free avant que les frontières rouvrent progressivement.
De son côté, Karen est déjà à Melbourne quand le Coronavirus se répand. En 2018, elle s’installe à Melbourne et trouve sa place à l’aéroport international Tullamarine, un aéroport "qui ne s’arrête jamais" dit-elle. Mais en 2021, Karen se confronte elle aussi à la vie en mode Covid. "Je me suis vue, en pleine pandémie, arriver à l’aéroport et ne voir aucun vol, un aéroport vide. Mais il fallait que je sois là" explique-t-elle. 100 000 passagers par jour avant Covid ; 500 en pleine crise sanitaire. Les effectifs des équipes opérationnelles baissent de 50% mais Karen tient bon car il y a toujours du travail. Le fret continue d'arriver et l'aéroport subit d'importants travaux.
Lui dans le marketing; elle au centre opérationnel de l'aéroport
Après douze ans à Brisbane, entre études et expériences professionnelles, Aymeric et son conjoint australien veulent changer d’air. Prêt pour un nouveau challenge, le Calédonien obtient rapidement une offre pour l’aéroport international Tullamarine, à Melbourne. Un mois après son entretien et dix-huit heures de route plus tard, le couple s’installe donc dans le Victoria, en juin 2022.
Le Calédonien possède un poste clé au sein de l'équipe marketing de l’aéroport : il fait l’intermédiaire avec les 36 compagnies aériennes internationales et les 5 compagnies domestiques qui se posent sur le tarmac. "Un travail énorme" car les frontières se sont ouvertes juste avant sa prise de fonction. En un an, Aymeric crée plus de 27 évènements pour accueillir le retour des compagnies et l’arrivée de nouvelles ; stratégies commerciales, évènementiel, publicité… Il ne s’arrête jamais. Il confie même être impatient de la réouverture de la ligne entre Nouméa et Melbourne, une route privilégiée qui sera pour lui un moment important dans sa carrière puisqu’il fera partie de l’équipe marketing en charge de l’accueil des passagers.
Des études loin de son île, de belles opportunités professionnelles, la rencontre avec son conjoint, l’obtention de sa nationalité australienne… Aymeric se rend compte du chemin exceptionnel parcouru rendu possible grâce à ses parents "à qui il doit tout". Aymeric aime voyager mais il l’admet, "je déteste prendre l’avion" rigole-t-il.
S’il y a 15 ans on m’avait dit que je travaillerais dans le domaine de l’aviation, je n’y aurais jamais cru. Mais ça me passionne, je voyage depuis que j’ai un an.
Aymeric
A Tullamarine, Karen est aujourd'hui responsable du centre opérationnel aéroportuaire, terminaux et pistes. En résumé, l’aéroport n’a plus aucun secret pour elle. Comme son collègue calédonien, Karen nourrit l’espoir que la ligne entre ses deux pays de cœur puisse rouvrir. "J’ai toujours beaucoup de contact avec Aircalin et je suis devenue amie avec des passagers réguliers. La clientèle calédonienne adore Melbourne" confie-t-elle. A 53 ans, Karen n’a rien perdu de son ambition des débuts ; elle termine aujourd’hui son master à l'université commencé en 2016 à temps partiel. Un diplôme en management de service aérien "pour montrer l’exemple" à ces quatre enfants et quatre petits-enfants.