Calédoniens en Australie : Floran Dos Santos, guide de pêche à Darwin [2/7]

Floran (à droite sur la photo) emmène chaque jour des touristes sur les rivières de Darwin, pour pêcher le barramundi, un poisson pouvant atteindre parfois plus d'un mètre.
Des cagous au pays des kangourous, il y en a beaucoup. De Perth jusqu’à Darwin en passant par Adélaïde, des Calédoniennes et des Calédoniens ont choisi une vie loin du Caillou. Doctorante, brasseur ou encore ingénieure... ces hommes et ces femmes ont accepté de nous raconter leur histoire. Dans cette nouvelle série de portraits, ce mardi, rencontre avec Floran. A 38 ans, il s'est installé dans le territoire du Nord de l'Australie, et enseigne la pêche au barramundi, dans des rivières infestées de crocodiles.

Sur la "bucket-list" des Australiens, on trouve souvent le rêve de pêcher un jour un barramundi. Ce poisson emblématique du pays, très souvent à la carte des restaurants, est connu pour atteindre parfois plus d'un mètre de long. Le barramundi, c'est ce qui fait tourner la petite entreprise de Floran, ancien chef cuisinier devenu guide de pêche auprès de touristes en quête de sensations fortes, à Darwin.  

De Melbourne à Darwin

L'Australie, Floran en est réellement tombé amoureux vers l'âge de 30 ans. En 2015, il s'envole pour Melbourne, pour un voyage entre amis. "En Calédonie, je travaillais dans la restauration depuis l'âge de 16 ans, j'ai été directeur d'hôtel aussi. Quand je suis arrivée en Australie, le système économique m'a beaucoup plu, tout est beaucoup plus juste", explique Floran. 

Pendant trois mois, Floran a voyagé avec son frère, parfois des amis, à travers l'Australie, avant de poser ses valise à Darwin. Ici, sur la Great Ocean Road, à Melbourne.

Grâce à son héritage familial, Floran possède la nationalité australienne. Pendant deux ans, jusqu'en 2017, il travaille en tant que chef de cuisine dans un café français. Mais très vite, le goût de l'aventure se fait sentir. Alors, il démissionne, achète un van "aussi âgé que lui" et voyage à travers l'île-continent pendant trois mois avec son frère. "De Melbourne, on est partis vers l'Ouest, vers Perth. On a fait toutes les plages. Puis on s'est arrêté au Nord un temps, à Darwin, pour passer un moment avec ma famille installée là-bas." 

Ce retour aux sources à Darwin lui fait réaliser que c'est bien là qu'il veut s'installer et même créer son entreprise. "Quand je suis arrivé en ville, il y avait un manque de guide de pêche" se souvient-il. Fan de Crocodile Dundee quand il était petit, il était loin d'imaginer à quel point il allait, lui aussi, côtoyer ces reptiles, considérés comme sacrés pour les habitants du territoire du Nord. 

Barramundi et crocodiles

Lorsqu'il décide de s'installer en ville, il a encore cette vie de backpacker, à dormir dans son van, garé dans le jardin de sa tante. Mais après plus de trois ans en tant que chef dans un restaurant de Darwin, il décide enfin de se lancer. "J'ai passé mon permis bateau, ma licence de capitaine pour travailler en tant que commercial et j'ai acheté un bateau de six mètres. Je suis parti de zéro, j'ai tout créé en huit mois", explique-t-il. Nous sommes en 2020, au début de la pandémie de Covid.

Le barramundi peut mesurer jusqu'à un mètre de long.

Chaque jour, Floran embarque à bord des touristes locaux ou internationaux. Il leur apprend à pêcher le barramundi et à les cuisiner, grâce à un barbecue installé sur son bateau. "J'ai des clients de 80 ans parfois, avec leurs petits-enfants. C'est une activité vraiment familiale. Le rêve de tous, c'est attraper un barra qui fait plus d'un mètre." Mais comme partout en Australie, le "wildlife" est très protégé et la pêche est réglementée : les poissons de moins de 55 cm doivent être relâchés, tout comme ceux d'un mètre ou plus. 

C'est un vrai sport. Il faut savoir naviguer car ici, on a des grosses marées de sept mètres, les rivières sont vite boueuses et à sec. C'est une activité qui surprend tous les jours, c'est difficile à maîtriser, c'est un challenge.

Floran

 
Un challenge ,surtout lorsqu'on sait qu'un gros barramundi peut avaler... un petit crocodile. Une activité certes sportive, parfois même intrépide puisque Floran navigue dans des rivières et des estuaires infestés de crocodiles. Darwin est reconnue comme étant la région du monde avec la plus grande densité de crocodiles, soit un tous les 200 mètres.

"Une fois, un crocodile a attrapé un barramundi qu'on venait de pêcher. Il est parti avec notre trophée et a été le manger sur le bord de la rivière, on entendait les os craquer" rigole Floran. Si l'environnement peut en effrayer plus d'un, le reptile ne s'approche finalement pas souvent des bateaux. Mais il n'en reste pas moins un redoutable prédateur. L'un d'entre eux, un gros mâle de plus de cinq mètres, a même été baptisé Dominator. 

Quand l'hiver arrive, Floran se concentre plutôt sur la pêche au large des côtes, avec des poissons du lagon. Comme un goût de Calédonie, où il aimerait rentrer un jour, pour être là-aussi un guide de pêche.

Installé à Darwin avec sa compagne, Floran a pour habitude de côtoyer régulièrement des crocodiles, comme ici en arrière-plan, immergé dans l'eau boueuse de la rivière.