Les Calédoniens peinent à trouver un emploi sur le territoire après leurs études supérieures

Chaque année, des milliers d’étudiants calédoniens poursuivent leur cursus hors du Caillou. Mais le retour au pays est parfois synonyme de désillusion pour décrocher un emploi.
A 23 ans, Alan Brochard est diplômé d’un master en aquaculture. Depuis son retour d’Australie en décembre, il a écumé les entretiens d’embauche. Avec toujours la même réponse : le manque d’expérience. Alors, pour combler l’attente, il travaille dans le BTP.
 

C'est très dur moralement, j'ai vécu avec maman qui a travaillé dur toute sa vie et le peu qu'elle avait, c'était pour nous pousser mon frère et moi à faire des études pour essayer de trouver un travail et aujourd'hui, ce n'est pas le cas pour moi donc c'est décevant. J'ai grandi ici donc j'ai envie d'apporter mes compétences, mon savoir au pays mais ce n'est pas possible car quand on dit qu'il n'y a pas d'expériences, on ne commence jamais; c'est bien un cercle vicieux.

- Alan Brochard


Alan, lui, est prêt à commencer en bas de l’échelle dans l’aquaculture. S’il ne trouve rien, c’est décidé : il partira chercher du travail hors du Caillou.
 

Décalage entre études et réalité

Pierre Welepa a la quarantaine. Il y a huit ans, grâce au programme Cadres Avenir, il reprend des études dans un domaine peu connu en Calédonie. Il lui faudra trois ans pour décrocher un poste fidèle à son cursus. 

"On voit dans certaines filières, moi je le vois au niveau de la santé du social, qu'il n'y a pas suffisamment de cadres calédoniens qui sont à des postes stratégiques et pas uniquement dans les collectivités mais aussi dans les entreprises. Il manque aussi beaucoup de cadres intermédiaires. Si vous voulez avoir un pays qui a des politiques publiques qui répondent à des enjeux de société, il faut des gens qui comprennent la mesure de ces enjeux au niveau local" explique-t-il.
 
Les employeurs l’assurent : avec la loi sur l’emploi local, à compétences égales, la priorité est aux Calédoniens. Mais selon eux, il y un décalage entre l’image que se font ces jeunes du marché du travail et la réalité.
 

Il y a un discours ambiant qui est véhiculé depuis un certain temps en Calédonie : aller faire ses études en France, ça permet au retour, d'avoir un bon job. Mais avec le temps, il y a de plus en plus de jeunes qui reviennent des études et le marché du travail de la Nouvelle-Calédonie n'est pas extensible. La deuxième chose, c'est qu'il faut aussi accepter que réellement, quand on sort des études, on est débutant. 

-Géraldine Sand, présidente de l’AN-DRH groupe Nouvelle-Calédonie. 

 

Tester le marché du travail

Alors que le Salon des études supérieures s’ouvre ce matin à l’université, les Calédoniens, eux, sont nombreux à partir chaque année faire leurs études hors du Caillou. Parmi eux, des stagiaires du programme Cadres Avenir, qui œuvrent pour le rééquilibrage et l’accession des Kanak aux postes à responsabilité.  

Isabelle Chimenti, directrice du programme, rappelle l’importance de préparer son projet et de tester le marché du travail, avant de partir faire ses études. 
 

Les étudiants Cadres Avenir, avant qu'ils puissent partir en Métropole, doivent faire une étude de marché. On leur demande d'aller voir des entreprises, pour voir avec eux, quels sont leurs besoins. Globalement, au niveau Cadres Avenir, 90% de nos stagiaires rentrent un emploi dans les trois mois qui suivent. Il faut vraiment essayer de faire un maximum d'études avant de partir, des besoins des entreprises parce que c'est vraiment là le sujet. Il ne faut pas partir faire des études s'il n'y a pas de besoins. L'objectif des entreprises calédoniennes c'est d'embaucher des étudiants calédoniens. Mais Calédoniens, ça veut dire être aussi capable de défendre un projet. Etre Calédonien, c'est bien mais la compétence elle ne s'arrête pas là.

 

itw cadres avenir