L'Australie, nouvel eldorado ? Une partie des Calédonienns ont les yeux tournés vers l’extérieur, six mois après le déclenchement des violences dans l'agglomération de Nouméa. Et notre grand voisin fait partie des destinations qui attirent l’attention, encore plus qu’avant le 13 mai. C’est dans ce contexte que vendredi 15 novembre, sa représentante a détaillé un projet sur la mobilité des travailleurs qui concernera bientôt le Caillou.
S’il y a accord de toutes les parties, nous sommes prêts à enclencher les mesures qui sont de notre ressort, notamment la création d'une centaine de visas de travail.
Annelise Young, consule générale d'Australie en Nouvelle-Calédonie
1 C'est quoi, le PALM ?
Elle présentait le PALM devant le Cese - le Conseil économique, social et environnemental. C'est le "Pacific Australia labour mobility". Un plan qui permet à des entreprises australiennes de recruter à travers la région, quand il n'y a pas assez de travailleurs disponibles dans le pays. Cela peut être pour un emploi à court terme, allant jusqu'à neuf mois, ou pour un poste à long terme, entre un et quatre an(s). À des taches non qualifiées, peu qualifiées et semi-qualifiés. Il faut avoir plus de 21 ans.
2 Déjà dix pays adhérents
Les personnes employées avec ce dispositif bénéficient des mêmes droits et protections sur le lieu de travail que les Australiens. Le Timor oriental et neuf pays du Pacifique adhèrent au programme : Fidji, Kiribati, Nauru, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa, les îles Salomon, Tonga, Tuvalu et le Vanuatu, où le PALM concerne plus de six mille travailleurs. En septembre 2024, il représentait en tout 485 employeurs et plus de 31 000 employés : 14 360 pour du court terme et 16 870 pour du long terme.
3 Après la venue de Penny Wong
Or, en avril 2023, la ministre des Affaires étrangères australienne a visité la Calédonie. Penny Wong a évoqué une possible coopération en matière d'emploi et de travail des jeunes. Avec la possibilité d'ouvrir l'accès à ce programme PALM. Notre adhésion est encore à l'étude, mais les discussions avancent dans le sens d'un projet pilote, avec une centaine de candidats par an.
4 "Gagnant-gagnant"
"C'est gagnant-gagnant pour nos deux pays, argumente la consule générale Annelise Young. En Australie, on a un très bas taux de chômage, 4 % actuellement, et on manque de main-d’œuvre. En Nouvelle-Calédonie, ça va permettre aux gens qui manquent de moyens d'aller voir ailleurs, apprendre l'anglais, et travailler dans un contexte anglophone." Offrir un bol d’air et des perspectives, tenter de réduire la fracture sociale : le programme tombe à pic, dans le sillage des émeutes.
C’est une formidable opportunité pour notre jeunesse. Il va falloir qu’un protocole d’accord soit signé entre l’Australie, la France et la Nouvelle-Calédonie. Ça veut dire qu'on en est aux prémices.
Christian Roche, président de la commission culture, jeunesse et sport du Cese
5 D'abord dans l'agriculture
Pour commencer, les Calédoniens auront accès à des emplois agricoles. "Dans ce secteur, il n'est pas nécessaire de bien parler anglais et deuxièmement, les Calédoniens ont la main verte." En cas de succès, d’autres filières pourraient s'ajouter, comme les mines, la métallurgie ou encore le tourisme.
Le reportage de Thérèse Waïa et Carawiane Carawiane