L’Institut français d’Océanie, qui deviendra plus tard l’Office de la recherche scientifique et technique outre-mer (Orstom), puis l’Institut de recherche et de développement (IRD), a été créé en 1946, juste après la guerre, sous l’impulsion du docteur René Catala, le "père" de l’aquarium des Lagons. Son premier directeur n’en est pas moins illustre, puisqu’il s’agit du missionnaire et anthropologue Maurice Leenhardt.
La philosophie était, à l’époque, très différente d’aujourd’hui. Il s’agissait de découvrir l’environnement de la Nouvelle-Calédonie, mais aussi d’autres contrées du Pacifique, comme le Vanuatu. "Il y avait beaucoup de choses inconnues, la faune, la flore, la géologie... Tout était à découvrir et à inventorier", rappelle France Bailly, directrice de l’IRD en Calédonie.
Soutenir les pays dans le développement durable
Depuis, les missions de l’institut ont évolué et sont davantage tournées vers la science de la durabilité. C’est-à-dire l’apport de connaissances au service du développement durable des pays dans lesquels il intervient. "Sa mission ce n'est pas de travailler dans l’Hexagone, mais vers les pays en développement pour les soutenir dans leur développement durable". D’où le fait que l’IRD soit placé sous une double tutelle : celle du ministère en charge de la recherche, de l’innovation et de l’enseignement supérieur et celle du ministère des affaires étrangères et de l’Europe.
Depuis quelques années, l’institut répond aux enjeux de l’Océanie, notamment l’insularité et le changement climatique. Il porte actuellement trois projets structurants, financés par l’Union européenne, l’Agence française pour le développement et le Forum Belmont, qui finance la recherche sur les changements environnementaux.
Sciences de l'environnement et sciences sociales aussi
Menés en Nouvelle-Calédonie, à Wallis-et-Futuna ou encore au Vanuatu, ces projets "doivent produire des données inédites sur les changements futurs en termes de température, de pluviosité, d’événements extrêmes, à petite échelle qui soient utilisables dans les îles" afin "que les gouvernements de ces îles puissent les utiliser pour appuyer leurs politiques de résilience face à ces changements qui vont advenir".
L’IRD s’intéresse aussi aux sciences sociales, comme ces travaux menés sur le processus de décolonisation et les inégalités sociales ou encore sur le foncier. Des équipes qui ont également contribué à la réalisation des Atlas de la Nouvelle-Calédonie, en 1981 et 2012.
Des doctorants de moins en moins financés localement
La formation fait aussi partie des missions de l’IRD, qui accueille cette année 26 doctorants et plus de 60 étudiants en master, dont quelques Calédoniens. Mais au fil du temps, les financements de ces formations supérieures se font de plus rares. "Dans l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, il y avait sans doute plus d’attention portée au soutien des jeunes doctorants. Et c’est vrai que, depuis quelques années, le nombre de bourses, notamment du territoire, soit du gouvernement, soit des provinces, est plutôt en décroissance. Il y en a peu chaque année", regrette la directrice de l’IRD, même si la recherche n’est pas directement une compétence locale.
De nouveaux domaines à explorer
Car plusieurs décennies après la création de l’IRD, les chercheurs ont encore beaucoup de "choses à découvrir pour les prochaines années", assure la directrice. Parmi les sujets à explorer : les vagues de chaleur océaniques, l’action des micro-organismes dans la séquestration du carbone dans le Pacifique ou encore "les grands fonds, dans la perspective de la biodiversité, mais aussi dans la perspective d’une éventuelle exploitation sous-marine future". "Si jamais cela doit se produire, il faut vraiment qu’on ait des connaissances sur la diversité des écosystèmes profonds, de façon à éviter des catastrophes écologiques."
Un entretien à retrouver ici.