Pour sa première réaction officielle depuis le renversement du gouvernement, Louis Mapou n'y est pas allé par quatre chemins. Lors d'une conférence de presse tenue ce vendredi 27 décembre, à Nouméa, le président démissionnaire, de fait, a qualifié d'"irresponsable et irrationnelle" la décision de Calédonie ensemble.
Beaucoup de gens sont en difficultés aujourd'hui. On n’a pas besoin de ça.
Louis Mapou, le 27 décembre 2024
En colère
Le 24 décembre a vu la démission de Jérémie Katidjo-Monnier, unique représentant de CE au sein de l'exécutif, et des suivants de la liste Calédonie ensemble. Ce qui a fait chuter le 17e gouvernement. Trois jours après ce nouveau séisme politique, Louis Mapou a répondu point par point aux accusations qui lui ont été faites. En colère et visiblement ému, il voit en cette fronde "un sale coup politique porté à notre pays".
"On fait fi de ce que les gens ressentent"
Sur le moment choisi, par exemple. “Il n’y a pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour constater qu'on 'tombe' le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie le 24 décembre, le jour de Noël. C’est complètement insensé, pointe-t-il. On fait fi de ce que les gens ressentent. C’est important de protéger ces moments pour la famille. Surtout dans un contexte où l’on a un enjeu, la TGC, nécessaire pour que les entreprises puissent se projeter. Il y a 14 milliards de factures à payer."
Et d'estimer que le jeune membre du gouvernement à l'origine de ce renversement a été instrumentalisé par le ténor de son mouvement, Philippe Gomès. Louis Mapou voit aussi le poids de "lobbies locaux".
Gestion de plus en plus critiquée
Depuis le début de l'année, les critiques se sont multipliées envers sa gestion, jugée trop individualiste et trop déconnectée des décisions prises au Congrès. Le coup de grâce a été porté cette veille de fête, avec un courrier de démission qui lui attribue "une indépendance gouvernementale autoproclamée, contraire à l’Accord de Nouméa et à la loi organique".
Moi, responsable indépendantiste du gouvernement, je serais de connivence avec le gouvernement central ? Je n’ai jamais été affilié à des partis nationaux.
Louis Mapou
"Un raccourci que je n’accepte pas"
Calédonie ensemble reproche à Louis Mapou d'avoir engagé le Caillou sur des décisions financières importantes, notamment le prêt d'un milliard d'euros garanti par l'Etat, sans le feu vert du Congrès. "Nous, le gouvernement, on était au travail, en responsabilité", rétorque l'intéressé. "Je peux comprendre que la démarche proposée par Calédonie ensemble et Philippe Gomès au Congrès n'a pas rencontré le succès qu’ils souhaitaient. Mais de là à dire que c’est la faute du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, il y a un raccourci que je n’accepte pas."
Louis Mapou "conteste" tout manque de concertation avec le boulevard Vauban. Il écarte aussi le reproche de ne pas y avoir assez siégé durant sa mandature. "J’ai pris le parti de respecter le travail de mes collègues et on a convenu que lorsque c’est nécessaire, je les accompagnais pour défendre leurs sujets au Congrès. Cette relation de travail a nourri l’esprit de collégialité."
Ils "ne souhaitaient pas qu'on réussisse"
Celui qui libère sa parole depuis la chute de son gouvernement, et n'envisage pas de participer au prochain, attaque à son tour. "Je crois profondément que Calédonie ensemble et ses alliés ne souhaitaient pas qu'on réussisse, avant les prochaines élections. Le plan S2R est un élément important, on souhaitait le réussir pour la Nouvelle-Calédonie, et qu'on travaille enfin sur le contrat social.
J'ai la faiblesse de penser que beaucoup craignaient que le premier gouvernement à majorité indépendantiste réussisse.
Louis Mapou
Il applaudirait presque. "C'est bien joué. Ils vont pouvoir prendre le gouvernement, travailler sur la base des 27 milliards qui arriveront d'une manière ou d'une autre (…), ils ont un plan sur lequel ils vont pouvoir travailler. En matière d'opportunisme politique, on ne fait pas mieux."
Voyez aussi le résumé de Brigitte Whaap et Carawiane Carawiane
Louis Mapou sera l'invité politique du dimanche, le 29 décembre, au JT de NC la 1ère