Des semaines que le bruit courait : une, voire des démissions collectives étaient envisagées pour renverser le gouvernement Louis Mapou. Ce dernier l’avait même évoqué sur le plateau de NC la 1ère en octobre. Il se savait en sursis. Depuis début 2024, les désaccords sur sa gestion, jugée trop individualiste et trop déconnectée des décisions prises au Congrès, se sont multipliés.
C'est ce qui a motivé la démission collective, ce 24 décembre, de Jérémie Katidjo-Monnier et des suivants de la liste Calédonie ensemble au gouvernement. Une démission confirmée par la présidente du Congrès.
"Une indépendance gouvernementale autoproclamée"
Dans leur lettre de démission, les élus Calédonie ensemble reprochent à Louis Mapou d'avoir instauré "une indépendance gouvernementale autoproclamée, contraire à l’Accord de Nouméa et à la loi organique".
Une indépendance d'autant moins acceptable que, "depuis les évènements du 13 mai, notre pays s’est enfoncé dans une profonde détresse économique et sociale. En pareilles circonstances, la solidarité entre les institutions, au premier rang desquels le gouvernement et le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, constitue une ardente obligation", écrivent-ils encore, se refusant à tout commentaire.
La bérézina politique que vous avez subie sur le pacte nickel aurait dû vous appeler à davantage de prudence. Bien au contraire, elle vous a conduit à vous enfermer davantage encore dans votre tour d’ivoire.
Jérémie Katidjo-Monnier, membre Calédonie ensemble du gouvernement
Ils accusent Louis Mapou, qui ne souhaite pas réagir, d'avoir engagé "la Nouvelle-Calédonie sans l’aval du Congrès" sur des décisions financières importantes, "des conventions ayant vocation à se transformer en prêts" ou encore des avances de la part de l'Etat en contrepartie de réformes. D'avoir "endetté le pays à hauteur de 120 milliards de francs, sans l’autorisation de quiconque".
Des critiques avaient déjà été formulées en mars, dans le cadre des discussions autour du pacte nickel et des réformes fiscales, puis en octobre, après la présentation du plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction. Par Calédonie ensemble. Mais également par les Loyalistes, le Rassemblement et l'Eveil océanien.
Depuis le gel des discussions sur le nickel, notre gouvernement est en roue libre et le fossé avec le Congrès est désormais comparable à la fosse des Mariannes.
Vaimu'a Muliava, élu Eveil océanien, en octobre 2024
L'élection du gouvernement, mode d'emploi
Les élus du Congrès ont désormais deux semaines pour se réunir en session extraordinaire. Une fois le nombre de membres du gouvernement fixé (entre 5 et 11) et les listes déposées par les groupes, ils voteront à la proportionnelle selon la règle de la plus forte moyenne.
Les membres élus du gouvernement devront alors choisir leur président. Ce qui avait pris cinq mois en 2021. C’est le candidat de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) Louis Mapou qui avait fini par s’imposer face à Samuel Hnepeune, de l’Union calédonienne, et à Thierry Santa, le président sortant, porté par l’Avenir en confiance.
Depuis 1999, c’est la onzième fois qu’un gouvernement calédonien tombe à la suite d’une démission en bloc. La dernière fois, c’était en février 2021 justement : les indépendantistes en étaient à l’origine. Une décision qu'ils justifiaient par une "dynamique institutionnelle en panne". Une "politique de la terre brûlée irresponsable et dangereuse", fustigeait l'Avenir en confiance, un "coup d'Etat des indépendantistes" aux yeux de Générations NC.