C’est Louis Mapou qui est à l’origine du report de la signature du pacte nickel. Elle était prévue le 25 mars, à Paris. Mais le président du gouvernement souhaite obtenir une habilitation des élus du Congrès “parce qu’il y a un engagement financier de 8 milliards de francs" demandé à la Nouvelle-Calédonie. Il a aussi voulu montrer son désaccord sur la mise à l’écart de l’usine du Nord dans le plan de soutien financier proposé par l’Etat. “Si KNS n’est pas dans le train, nous allons avoir une difficulté, j’ai dit les choses.”
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Ce jeudi, il attendait des élus du Congrès qu’ils s’expriment à leur tour et qu’ils l’interrogent avant de prendre une décision. Pour lui, ce pacte “est au-dessous des ambitions que nous avons recherchées ces dernières années. C’est un pacte par défaut, a minima.” Un pacte d’urgence qui permettra d’accorder un sursis à Prony et à la SLN mais aussi d’obtenir des financements de l’Etat pour l’aide à la transition énergétique. Les besoins sont estimés à 24 milliards de francs par an. L'État apporterait 12 milliards de francs, la Nouvelle-Calédonie, 8 milliards.
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Mais à quel prix, s’interrogent une partie des élus. Une perte de souveraineté en matière minière et de fiscalité ? C’est la crainte de Calédonie ensemble. Philippe Gomes parle d’un pacte “à la fois surréaliste et inique”. Il y voit la perspective d’un territoire purement minier évoqué par Christel Bories, la PDG d’Eramet. “Il est hors de question que nous validions”, prévient-il, dénonçant un chantage à la casse sociale.
On a lâché du mou sur les compétences fiscales mais on ne va pas lâcher la bride. Vous savez combien on est attaché aux compétences.
Louis Mapou, président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie
Oui, “l’Etat nous a un peu mis la pression”, admet Louis Mapou. “Le document fixe certaines orientations mais il appartiendra ensuite aux collectivités de les mettre en œuvre. C'est vous qui votez la loi”, tente-t-il cependant de rassurer. “Pour modifier le code minier par exemple, il faudra revenir ici.” Mais avec quelles marges de manœuvre ? Le président du gouvernement n’a pas la réponse et il ne le cache pas. “Est-ce qu’on sera attaché par une éventuelle signature ? Je ne sais pas.”
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"La balle est entre les mains des élus du Congrès"
Et en cas de non-signature, l’Etat pourrait-il ne pas verser les aides promises à Prony et à la SLN ? “Est-ce qu’ils prendraient le risque de nous abandonner ? Je ne sais pas”, reconnaît là-encore Louis Mapou. “J’ai noté vos inquiétudes mais je note aussi que depuis quelques mois, c’est le rouleau compresseur sur un certain nombre de sujets”, ajoute-t-il pour expliquer ses doutes. Une certitude : le report de la signature n'aura pas de conséquences pour les deux industriels, assure le président du gouvernement.
Vote prévu jeudi 28 mars
Lui voit en tout cas dans l’adoption du pacte l’occasion de répondre aux urgences et de poser les bases d’une réflexion plus aboutie. Le refuser serait l’opportunité de “dire ce que l’on veut”, prône de son côté Calédonie ensemble. Les groupes ont rendez-vous lundi pour poursuivre les discussions en commission, puis jeudi, pour décider d’habiliter ou non Louis Mapou à signer.
Une autre question reste en suspens : les Loyalistes et le Rassemblement seront-ils présents après leur sortie fracassante du Congrès ce jeudi ?
L'interview de Louis Mapou par Brigitte Whaap après la séance du Congrès