Le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a appelé jeudi les collectivités calédoniennes, l'État et les industriels de la mine et de la métallurgie concernés à signer d'ici "la fin mars", et "tel qu'il a été rédigé", le plan de redressement de la filière nickel en Nouvelle-Calédonie.
"Nous devons réinventer la filière du nickel en Nouvelle-Calédonie avec les autorités calédoniennes (...)" mais il est "exclu de financer à perte un outil de production qui ne serait pas rentable", a déclaré le ministre lors d'un point de presse téléphonique, au cours duquel il s'est "réjoui que le gouvernement de Nouvelle-Calédonie ait décidé de soumettre" le texte du "Pacte Nickel" au Congrès de Nouvelle-Calédonie le 28 mars.
Le document, en négociations depuis quatre mois, devait être ratifié le 25 mars, à Paris, par les différentes parties prenantes : État, président du gouvernement local, présidents de province, industriels. Mais la signature a été reportée à la demande de Louis Mapou, le président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, qui souhaite recevoir l'habilitation du Congrès avant de valider l'accord.
Assurer l'avenir de la filière
Dans ce projet, chacune des trois parties prend des engagements pour assurer l'avenir d'une filière mise en péril par des problèmes "d'accès à la ressource", de "coûts énergétiques et de main d'œuvre très élevés", de "contrainte sur les exportations", et par une "pression de concurrence étrangère, en particulier indonésienne", a rappelé le ministre de l'Économie, jeudi.
Le plan de redressement de la filière nickel doit permettre d’accorder un sursis à l'usine Prony et à la SLN, en grande difficulté financière, mais aussi d’obtenir des financements de la part de l’État pour accompagner le secteur dans la transition énergétique. Les besoins sont estimés à 24 milliards de francs par an (près de 200 millions d'euros). L'État apporterait 12 milliards de francs, la Nouvelle-Calédonie, 8 milliards.
Bruno Le Maire a repoussé toute idée de nationalisation, "une "illusion" qui "ne permettrait pas de garantir la rentabilité des usines" selon lui. Elles "doivent être rentables", a-t-il martelé, et "pour qu'elles soient rentables, elles doivent être contrôlées par des industriels". Les usines ont besoin d'abaisser leur coût de production, notamment en utilisant de l'énergie "moins chère" et "d'avoir un accès sans entrave à la ressource minière", a-t-il dit.