Ce mardi l'UC et l'UNI ont annoncé la démission de leurs membres au sein du gouvernement. Au total,les 5 membres indépendantistes quittent l'exécutif. L'Avenir en Confiance s'insurge face à ce déni de démocratie. Calédonie Ensemble souligne l'incapacité politique de l'AEC à gouverner.
[MISE A JOUR AVEC THIERRY SANTA AU JT]
Dans le contexte cyclonique actuel, c'est une tempête qui s'abat sur le gouvernement Santa et qui marque, de fait, son arrêt puisque les démissions ont été officiellement déposées au congrès de la Nouvelle-Calédonie. Ce 16e gouvernement collégial comptait 11 membres. Il était composé de :
- quatre membres issus de l'Avenir en Confiance: Thierry Santa, Yoann Lecourieux, Christopher Gygès et Isabelle Champmoreau,
- trois membres issus de l'Union Calédonienne : Gilbert Tyuienon, Didier Poidyaliwane et Jean-Louis D’Anglebermes,
- deux membres de l'Uni : Valentine Eurisouké et Jean-Pierre Djaiwé,
- un membre de Calédonie Ensemble : Philippe Germain,
- un membre de l'Eveil Océanien : Vaimu'a Muliava
Ce mardi matin, au cours de la réunion hebdomadaire durant laquelle les membres du gouvernement sont réunis en collégialité, les élus de l'UC ont annoncé leur démission. L'habituel point presse du gouvernement de 13h30 a donc été annulé. En début d'après-mid, la situation politique évolue. Les deux membres du gouvernement étiquetés UNI se sont associés aux démissionnaires. Au total, ce sont les cinq membres du mouvement indépendantiste qui quittent ce 16e gouvernement. Ils ne peuvent être remplacés puisque leurs suppléants sont également démissionnaires.
Démissions déposées au congrès
Sur le site du congrès de la Nouvelle-Calédonie, le président Roch Wamytan indiqu'il a été informé par courrier en date du 2 février, de la démission des membres du gouvernement du groupe “Union Nationale pour l’Indépendance” et des membres du gouvernement du groupe “UC-FLNKS et Nationalistes” ainsi que de l’ensemble de leurs suivants de liste.
Ainsi, conformément aux dispositions de l’article 121 de la loi organique statutaire,
le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est démissionnaire de plein droit.
Ainsi, conformément aux dispositions de l’article 121 de la loi organique statutaire, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est démissionnaire de plein droit.
Le congrès doit donc procéder à l’élection d’un nouveau gouvernement dans un délai de quinze jours.
Les raisons des démissions
En début d'après-midi, les chefs des groupes au congrès de la Nouvelle-Calédonie, de l'UNI et de l'UC-FLNKS et Nationalistes expliquent dans un communiqué commun les raisons de leur "initiative politique". Cette décision est liée à la crise de confiance qui s'est installée au sein de l'exécutif mettant à mal la collégialité, autour du dossier de cession de l'usine du Sud, du budget primitif 2021 non voté et de l'absence de dialogue constructif avec l'Etat sur la prochaine consultation.
" La dynamique institutionnelle est en panne, le consensus devient de moins en moins la règle.
Les discussions entre les formations politiques calédoniennes et l'Etat sont interrompues.
Les interlocuteurs au sein du gouvernement français ont changé et, par là même, le niveau d'écoute, d'attention et d'expertise sur le dossier calédonien. "
Thierry Santa «très inquiet»
Invité du journal télévisé, ce soir à 19h30, le président du gouvernement démissionnaire se dit «très inquiet». «Pas pour moi, je ne suis attaché à aucun poste politique et je continuerai à défendre mes idées par ailleurs», précise Thierry Santa. «Non, je suis très inquiet pour les Calédoniens, pour la Calédonie. Ce seizième gouvernement que j’ai présidé depuis dix-huit mois avait comme objectif unique de protéger les Calédoniens. Leur santé, leurs emplois, leurs revenus, leur avenir. Et là, ce que je constate, c’est qu’on leur offre à partir d’aujourd’hui au minimum quatre semaines d’immobilisme […]. Et je ne parle pas de l’incertitude, derrière, que ça va engendrer.»
«Quand on me parle de crise de confiance, sincèrement, je n’y crois pas trop», répond-il par ailleurs aux motivations avancées par les élus démissionnaires. «Je pense que derrière, il y a une volonté de destabilisation des institutions. J’imagine, pour les indépendantistes, dans la perspective du troisième référendum […]. Et je n’oublie pas Calédonie ensemble.»
«Je suis profondément déçu de l’image que nous donnons, nous les responsable politiques, aux Calédoniens. En particulier les responsables indépendantistes, c’est eux qui font la démarche de faire tomber le gouvernement», réagit encore Thierry Santa, qui l'annonce : il ne se représentera pas pour faire partie du prochain exécutif.
Son entretien avec Thérèse Waïa :
AEC voit «une politique de la terre brûlée irresponsable et dangereuse»
Cet après-midi, le groupe au congrès l'Avenir en confiance déplore que les membres indépendantistes du gouvernement aient fait le choix de démissionner de l’exécutif et par conséquent d'entraîner la chute de celui-ci.
« Cette décision incohérente, irresponsable et dangereuse s’inscrit dans la politique de la terre brûlée menée par les indépendantistes depuis plusieurs mois dont le seul objectif est de détruire, quitte à menacer directement les emplois et le quotidien de milliers de familles Calédoniennes.»
Crise institutionnelle, crise budgétaire, crise socio-économique
En provoquant une crise institutionnelle en pleine période de gestion de la crise sanitaire, d’une possible crise budgétaire ainsi que des tensions économiques et sociales fortes, les indépendantistes font peser un immense risque sur l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie. »
Deux référendums au NON successifs
Dans ce communiqué de presse, l'Avenir en confiance s'insurge : « Mis en minorité deux fois successivement aux référendums en deux ans, ainsi qu’aux élections provinciales, les indépendantistes bafouent la démocratie en tentant d’imposer par la force et la déstabilisation ce qu’ils n’ont pas réussi à obtenir dans les urnes. Ils devront par conséquent assumer leurs actions ainsi que toutes les personnes soutenant celles-ci. »
Pour Calédonie ensemble, incapacité politique de l'Avenir en confiance
En fin d'après-midi, Calédonie ensemble s'exprime sur la chute du gouvernement par un communiqué : «Nous constatons aujourd’hui que le torchon brûle entre les partenaires d’hier, avec la démission collective des membres FLNKS du gouvernement.»
L'accord de gouvernance vole en éclats
«Cette crise institutionnelle confirme l’incapacité politique de l’Avenir en Confiance à concrétiser le “choc de confiance” sur lequel il s’était engagé auprès des Calédoniens. Elle ajoute l’instabilité institutionnelle à la crise économique et sociale, à la confrontation des Calédoniens sur le dossier minier et à l’incertitude politique liée aux résultats du référendum du 4 octobre.
Calédonie Ensemble en prend acte et appelle à la formation d’un nouveau gouvernement dans les meilleurs délais eu égard aux urgences budgétaires, économiques et sociales auxquelles notre pays doit faire face.»
Générations NC : un « Coup d'Etat » des indépendantistes
Dans un communiqué, Générations NC dénonce un « Coup d'Etat : le rapport de force déjà installé sur le terrain va l'être également dans les institutions et nous avons du mal à imaginer que cette prise d'otage du pays favorise un retour au dialogue. »
Le ministre des Outre-Mer espère un nouveau gouvernement "dans les délais les plus courts"
C'est par un communiqué que le ministère des Outre-mer a réagi après la chute du 16ème gouvernement de Nouvelle-Calédonie. "Dans le respect de l'Accord de Nouméa", Sébastien Lecornu "prend acte" de la démission du gouvernement collégial, mais il appelle à la formation "dans les délais les plus courts" d'un nouveau gouvernement.