Ce mercredi 30 juin est marqué par une grève générale lancée par la Fédération des fonctionnaires. Le but de cette manifestation ? Mettre en lumière les difficultés du systéme de santé calédonien ainsi que celles dans le social et les services administratifs. Plusieurs entreprises comme l'OPT ou encore Air Calédonie, ont rejoint le mouvement de grève.
1. Qui est à l’origine de cette grève ?
Le 22 juin, la Fédération des fonctionnaires a déposé un préavis de grève pour ce mercredi. À l’origine de cette manifestation : la dégradation de l’offre de soins en Nouvelle-Calédonie et le déficit de la Cafat. Mais pas seulement. Ce mouvement de grève regroupe principalement la santé et le social, les services administratifs du public au gouvernement, dans les provinces et les communes, certains collèges et internats du Nord et des Îles, mais aussi l’OPT, Aircal et Enercal.
2. Quelles sont les revendications de la Fédération des fonctionnaires ?
La Fédération des fonctionnaires dénonce principalement le fait qu'il manque chaque année 13 milliards de francs CFP pour financer la caisse du régime unifié d’assurance maladie-maternité (Ruamm), qui engendre la dégradation de l’offre des soins en Nouvelle-Calédonie. Les membres de la Fédération ont appelé les élus du Congrès afin qu’ils agissent à ce sujet. Parallèlement, l'organisme dénonce la situation préoccupante des hôpitaux. Notamment avec le manque de certains médicaments, la fermeture de lits, le manque de professionnels ainsi que la vétusté des matériels.
Pour palier ces problèmes, la Fédération appelle le Congrès à agir et propose également une solution technique concernant le système de santé : le déplafonnement du Ruamm. Aujourd’hui, le plafond du Ruamm est à 510 000 francs CFP. Ceux qui gagnent en dessous paient 15% de cette somme pour leur cotisation sociale, mais les revenus supérieurs paient 15% jusqu’à 510 000 francs CFP, puis 5% pour la part supérieure à cette somme. La Fédération y voit une inégalité jamais résolue depuis plus de dix ans, et estime que le déplafonnement pourrait générer une recette supplémentaire de 7 à 8 milliards CFP.
3. Quelles sont les perturbations liées à cette grève ?
Plusieurs centaines de personnes ont rejoint le mouvement de la manifestation, ce mercredi 30 juin. Les grévistes se sont rassemblés devant le Congrès de la Nouvelle-Calédonie à Nouméa. En raison de la grève générale, 24 agences OPT sont fermées et 120 grévistes ont rejoint le mouvement. Les agences de Koné, Pouembout, Païta et les annexes de Dumbéa Mairie, Panda, Logicoop et La Coulée sont fermées. Ainsi que celles de Thio, Bourail, Koumac, Poya et son annexe, Poum, Ouégoa, Voh, Ponérihouen, Pouebo, Houaïlou, l’annexe de Poro, Yaté, Wé et les annexes de Chépénéhé, De Mou et St Joseph.
Toutefois, 28 agences restent ouvertes sur le Territoire et 4 agences fonctionnent en décalé, notamment celles de la Vallée du Tir, du Mont-Dore, l’annexe du Pont des Français et l’Agence Principale. La mobilisation de la Fédération des fonctionnaires a également fait écho à Lifou. Une vingtaine de grévistes s’étaient rassemblés sur l’esplanade devant la province des Îles. Des tracts ont également été distribués ce matin à Drehu.
La compagnie Air Calédonie a également revu à la baisse son planning de ce mercredi. Le 28 juin dernier, la compagnie domestique se disait "contrainte de réduire le programme prévu selon le service minimum disponible sur les plateformes aéroportuaires".
4. D’autres syndicats se sont-ils joints au mouvement ?
L'USTKE, FO ou l'Usoenc, ne sont pas joints à ce mouvement de grève. Le syndicat des infirmiers à domicile était, de son côté, présent et a été reçu au Congrès avec l'ensemble de la délégation. L’organisation de l’Union territoriale CFE-CGC a, pour sa part, tiré la sonnette d’alarme mardi en déclarant dans un communiqué de presse que "l’absence de trésorerie a d’ores et déjà des impacts réels sur la prise en charge des patients". Et la "rupture massive de médicaments" observée entraîne "nécessairement des choix alternatifs de thérapies."
Début juin, la Cafat ainsi que le Médipôle ont également alerté le gouvernement à ce sujet. Le CHT doit aujourd’hui 4 milliards de francs CFP à ses fournisseurs. Un défaut de paiement qui touche en partie des entreprises calédoniennes (2,7 milliards), qui risquent à leur tour d’être fragilisées. Quant au personnel, il a vu, à au moins deux reprises depuis le début de l’année, les salaires versés avec 10 à 15 jours de retard, assure la CFE-CGC.
5. Comment réagit le gouvernement ?
Pour l’instant, le gouvernement n’a pas communiqué sur ce mouvement social. Une communication pourrait toutefois être programmée dans la journée.
Un reportage sur place d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel :