Comment favoriser l’inclusion des travailleurs handicapés en Nouvelle-Calédonie ?

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La Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées s’est tenue du 14 au 20 novembre. A quand le plein emploi pour ce public en particulier ? En Nouvelle-Calédonie, un fonds permet aux entreprises de faciliter cette inclusion par le travail. En collaboration avec le collectif Handicaps, une société d’intérim a créé une section dédiée. Une amorce de solution présentée dans ce dossier.

On estime qu’il y a en Calédonie environ 4 300 travailleurs handicapés, et plus de 2 500 en recherche d’emploi. Léo, vingt ans, est employé par la société Pacific airport, avec un statut d’intérimaire. Il veille à remplir les trolleys des avions avant décollage. Malentendant, le jeune homme souffre d’une disphasie de la mémoire depuis sa naissance. 

J’aime bien le travail, ça me plaît.

Léo, travailleur intérimaire à l’aéroport

Sandrine, magasinière, l’assiste dans sa tâche. Après seize mois à être la collègue de Léo, sa vision du handicap a changé. "Il y a des choses qu’on a l’habitude de faire et lui va dire : ’Non, ce n’est pas comme ça’, donc il faut faire autrement. Ça nous aide à voir les erreurs qu’on fait."

Des préoccupations collatérales

L’entreprise emploie deux handicapés en CDI et deux autres en intérim, à des postes adaptés. Nicolas, 42 ans, réceptionne les plateaux-repas qui descendent de l’avion, en intérim également. Victime d’un très grave accident de la route, il est aphasique. Lui, monte chaque matin de Nouméa jusqu’à Tontouta avec la navette. Sa préoccupation, trouver un logement près de l’aéroport. Pas simple, parce qu’il doit aussi être accompagné dans sa vie quotidienne. 

On met trop de temps sur la route. Après, le travail, j’aime bien. Mais je crois, peut-être je vais arrêter. Ou sinon je vais me chercher une maison par là. 

Nicolas, travailleur intérimaire à l’aéroport

Pourquoi l'intérim ?

A l’origine de ces deux contrats, Partners handicap, créée au sein d’une société d’intérim nouméenne. Elle recense 80 dossier en cours. 

Contrairement à un CDD ou un CDI où on est sur des choses plus lourdes à mettre en place pour les entreprises, on essaie d’ouvrir les choses et que ça se fasse plus rapidement.

Lilian Simonnet, co-gérant d'une société d'intérim

Le cadre

En Nouvelle-Calédonie, deux textes encadrent l’emploi des personnes en situation de handicap. Outre une délibération spécifique pour la Fonction publique, une loi de pays instaure une obligation d’emploi des travailleurs handicapés pour tous les employeurs, privés et publics, de plus de vingt salariés. A hauteur de minimum 2,5 % de leurs effectifs, - contre 6% en Métropole. "Malheureusement nous constatons que les objectifs ne sont pas atteints", observe Jade Barbu, responsable du collectif Handicaps NC. 

Des postes à aménager

Celui-ci a pour mission de défendre les droits et les intérêts de personnes en situation de handicap et leurs proches. Mais aussi de les représenter auprès des institutions, commissions et autres groupes de travail. "Beaucoup de personnes viennent nous voir pour s’informer des différentes démarches qui existent pour mettre en place ce que nous appelons des aides à l’aménagement de postes de travail", témoigne Jade Barbu. "Beaucoup se sentent un peu lésés par leurs ressources humaines et souhaitent mettre en place certains dispositifs qui vont favoriser leur travail au quotidien."

Quant à cette obligation d’inclure 2,5 % de travailleurs handicapés, les entreprises qui ne la respectent pas doivent verser une contribution au fonds d’insertion professionnelle pour les personnes en situation de handicap. 

Une précarité accrue

L’enjeu de cette inclusion par le travail est d’autant plus grand que la crise Covid et la crise économique qui a suivi ont aggravé la précarité de celles et ceux qui n’y ont pas accès. La création d’un guichet unique pour l’emploi, auquel les travailleurs handicapés auront accès, pourrait améliorer la situation. 

L’objectif est de régler ces problèmes de complexité administrative auxquels les entreprises et les demandeurs d’emploi sont confrontés. Dans [ce] cadre, on intègre toute cette réflexion sur l’intégration de personnes les plus éloignées de l’emploi. 

Thierry Santa, membre du gouvernement calédonien en charge de l’emploi et du handicap

Et le schéma ?

Quant au schéma directeur du handicap et de la dépendance, qui prévoyait un plan d’actions sur la période 2019-2023… "Ce fameux plan (…) présenté au gouvernement en 2019 n’est à ce jour pas encore validé, relève la responsable du collectif. Nous attendons du gouvernement qu’il soit validé et présenté au Congrès pour pouvoir être voté."

Son entretien avec Thérèse Waïa :

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