Conflit autour du transport aérien : l'impatience, face au blocage des aérodromes à Lifou, Maré et l'île des Pins depuis une semaine

Le "Betico 2" prenant la mer à Lifou pour rallier Nouméa, en octobre 2023.
Les choses sont-elles sur le point de bouger ? Mardi 3 octobre, cela fera une semaine entière que les vols courants sont stoppés avec Lifou, Maré et l’île des Pins, piégeant de nombreux voyageurs et habitants. Alors que les trois collectifs de consommateurs maintiennent les blocages aux aérodromes, une rencontre se tenait ce lundi, à l'île des Pins.

Sur le front des avions, les nouvelles s'annoncent inchangées, pour ce mardi 3 octobre. "En raison du maintien des blocages prévus à Lifou, Maré et l’Ile des Pins, lit-on sur le site d'Air Calédonie, la compagnie est contrainte d’annuler l’ensemble de ses vols pour ces trois destinations." Cependant, une rencontre a eu lieu ce lundi après-midi en pays kunié entre, d'une part la grande chefferie et la mairie de l'île des Pins, dont les représentants se sont rendus à l'aérodrome avec les gendarmes, et d'autre part le collectif des usagers. 

Mariage coutumier, vacances, raid et tourisme

Une démarche initiée par l'autorité coutumière, pour plusieurs raisons. Le fils du grand chef va célébrer son mariage les vendredi 13 et samedi 14 octobre. La famille de sa future femme, originaire de Lifou, ainsi que les délégations, doivent arriver à partir de ce week-end. Par ailleurs, les vacances commencent vendredi soir et elles riment avec retour des scolaires. Il y a aussi le raid de l'île des Pins programmé le 14 octobre. Et puis, évidemment, l'activité touristique fortement affectée par l'arrêt des vols. 

"On attend une réponse"

Le collectif dit rester ouvert au dialogue et être prêt à lever le pied si les parties prenantes s'entendent sur un groupe de travail avec lui-même, la municipalité, la grande chefferie ou encore les hôteliers. Le 21 septembre dernier, dans un courrier commun, la chefferie et la mairie lui demandaient la levée du blocage. En réponse, le collectif a invité les deux institutions à une réunion, lundi 25, avant le rendez-vous proposé deux jours plus tard au gouvernement, à Nouméa. Il explique ne pas avoir eu de réponse.

“Pour le moment, le blocage reste illimité, on attend une réponse parce qu’on n’a pas eu le temps d’aller au bout, les discussions ont un peu chauffé", a relaté ce lundi Julien Douepere pour le collectif. "Mais l’idée, c’était que si ce groupe de travail existait, on aurait quinze jour pour continuer à travailler sur le dossier avec des membres de chaque institution et qu’on levait le blocage pendant ces quinze jours.”

Membres de l'église protestante coincées à Lifou

Pendant ce temps, à Lifou, l'impatience monte. Certain(e)s sont coincé(e)s sur l'île depuis une semaine. C'est le cas pour plusieurs dizaines de dames venues participer à l’assemblé générale des femmes qu'organisait l’EPKNC, l'Eglise protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie. 

Depuis lundi [25 septembre], nous sommes ici à Lifou. Aujourd'hui, ça fait une semaine complète et on nous dit d'attendre vendredi. Est-ce que quelqu'un, à notre âge, peut rester comme ça, jusqu'à vendredi ? On ne peut pas trouver une solution pour nous chercher et [nous] ramener à Nouméa où nous habitons et [où] il y a nos enfants ? 

Laura Eurimindia, membre de l'EPKNC bloquée à Lifou

Une situation qui devient infernale. Le Betico reste le seul moyen de voyager mais le navire est saturé à chaque rotation. 

J'étais vingt-sixième et ils n'ont pu prendre que seize. 

Louise Wenehoua, membre de l'EPKNC qui espérait prendre le bateau

Au total, soixante de ces femmes, dont quarante venus d'Ouvéa, doivent rester à Lifou. Un véritable casse-tête, pour les organisateurs.

On essaye de faire avec les moyens du bord, pour pouvoir nourrir les soixante qui seront bloquées une semaine. On ne sait pas quand la situation va se débloquer. Ça, ce n'était pas prévu sur le budget…  

Clément Sakilia, membre du conseil paroissial de Kumo

Plus de deux mille pétitionnaires

Une pétition lancée en ligne jeudi 28 septembre pour mettre fin au mouvement affichait 2 125 signatures ce lundi à 21 heures.

La vocation de cette pétition est de porter la voix du plus grand nombre. Là-haut, les bloqueurs sont des gens des trois districts (…) Pour sauver notre compagnie locale, il est important que les coutumiers et les politiques prennent leurs responsabilités pour faire lever le blocage.

Patrice Zongo, habitant de Drueulu, initiateur de la pétition

De Lifou à Nouméa, reportage de Nicolas Esturgie, Sylvie Hmeun et David Sigal

©nouvellecaledonie

Autre conséquence, les rendez-vous prévus à Lifou pour le Salon international du livre océanien, ces 3 et 4 octobre à la bibliothèque Löhna, sont annulés.