Covid-19 : après trois confinements, certaines entreprises confrontées à de graves difficultés

Les comptes économiques rapides d'Outre-Mer font le constat d'une économie fragilisée par la crise sanitaire.
Depuis deux ans, les entreprises calédoniennes sont impactées par la crise sanitaire. Avec le troisième confinement du mois de septembre, certaines ont du mal à se relever et à régler leur dette.

Dans certains restaurants de Nouméa, les chefs s'activent en cuisine mais en salle, les clients se font rares. Depuis le début de la crise sanitaire, le gérant d'un établissement observe une baisse de 40 à 50% de son chiffre d’affaires mensuel. Face au ralentissement de son activité, Stéphane Barrière est obligé d’échelonner le remboursement de ses dettes et notamment le règlement de ses cotisations sociales.
Stéphane ne pense pas encore à mettre la clef sous la porte, mais il y a « pensé. On ne le fera par parce que l’on va se battre jusqu’au bout, mais c’est les fins de mois sont assez difficiles. »

Moins de PGE

Selon l’étude « comptes économiques rapides pour l’outre-Mer » (CEROM), datant du mois d’août dernier, les sources d’inquiétude des entreprises locales reposent sur la difficulté de trésorerie des clients, la prolongation des restrictions sanitaires, les difficultés d’approvisionnement ou encore la fiscalité.


L’enquête du climat des affaires du 3e trimestre de l’Institut d’émission d’Outre-Mer met en évidence que les entreprises ont fait appel au prêt garanti par l’Etat ou PGE à hauteur de 22 milliards de francs en 2020 et à 6 milliards en 2021. « Il y avait une enveloppe qui était encore disponible pour certaines entreprises mais pour d’autres ce n’était pas possible de solliciter de nouveaux crédits sans compromettre leur situation financière, souligne Magalie Ardoino, responsable du service études de l’IEOM. Donc elles n’ont pas pu avoir recours à des PGE ou d’autres formes de crédit. Ce que l’on voit à travers l’enquête, c’est qu’elles ont au contraire beaucoup plus recouru aux créances clients et aux créances fournisseurs qui servent donc de variable d’ajustement. »


Depuis deux ans, les 11 400 entreprises artisanales du pays sont particulièrement touchées par la crise sanitaire mais il est encore trop tôt pour faire un bilan cette année.


« Sur cette année on manque encore un peu de recul on n’observe pas de radiation ou de liquidations massives au niveau du secteur de l’artisanat. Les effets se feront peut-être sentir en 2022 donc on reste attentifs », explique Grégory Armando, responsable du pôle proximité de la chambre de métiers et d’artisanat.
Contacté par téléphone, le tribunal mixte de commerce n’a pas été en mesure de nous communiquer le nombre de procédures collectives.

Pour rappel, un entrepreneur en grande difficulté financière peut déposer le bilan ou être assigné par un créancier. L’ouverture de procédures collectives par un magistrat peut alors entraîner la sauvegarde, le redressement ou la liquidation judiciaire de l’entreprise.

Le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Claude Lindor

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