La respiration artificielle est le cordon ombilical qui maintient les patients en vie. Ils sont non-vaccinés et présentent des comorbidités. Autant dire qu’ils sont surveillés intensément. "Nous avons une feuille journalière de prescription où on doit noter tous ces paramètres marqués par thème : neuro, respiration… Il faut surveiller le patient, du coup, toutes les trois heures", indique Capucine de Rancourt de Mimérand, infirmière spécialisée en réanimation.
Surveiller, mais aussi retourner
Et puis il y a tous les gestes techniques. Ces malades doivent être retournés toutes les seize heures, par exemple. "Quand on est sur le dos, schématiquement, les poumons ont tendance à se tasser", explique le Dr Emmanuel Couadau, chef du service de réanimation au Médipôle.
"L’idée, dans cette pathologie où tout le poumon est malade, c’est que tout le poumon puisse se mettre au travail. Qu’on puisse recruter les zones qui ne fonctionnent pas bien. On met sur le ventre pour que ces zones se ré-aèrent bien et qu'elles puissent fonctionner."
L'appareil respiratoire en première ligne
Ce virus attaque en priorité l'appareil respiratoire. Parfois de manière très agressive, ce qui est mauvais signe pour la survie du patient. Des appareils donnent en temp réel toutes les constantes vitales, notamment le taux d’oxygène dans le sang. Il est parfois insufflé par la machine jusqu’à soixante litres / minute, et tout un arsenal médicamenteux est perfusé.
"Particulièrement pour ces patients, qui sont les plus sévères, qui nécessitent d’être en coma artificiel, d’être avec une ventilation mécanique, une machine qui remplace presque complètement la fonction des poumons, ça nous oblige à les endormir complètement", détaille le Dr Couadau.
"Il y a des médicaments hypnotiques, puissants, pour faire dormir les patients. Des médicaments morphiniques pour être sûr qu’il n’y ait aucune souffrance. Et des médicaments qui les paralysent, des curares, pour que la machine puisse faire son travail convenablement."
Protections jetables
En cas de fréquents arrêts cardiaques le protocole est toujours aussi contraignant pour les soignants. S'habiller d'équipements de protection individuelle jetables. Et recommencer. Pour chaque patient. Des pratiques d'une pénibilité dont personne ne peut avoir conscience sans l'avoir vu.
Et pour finir, les équipes de réanimation doivent tous les jours faire face à la mort. "Sans y être préparés, on est habitués, quand on travaille en réanimation, à avoir quand même un taux de décès supérieur à la moyenne d'un établissement de santé. Et là, c'est vrai qu'à l'heure actuelle, ce sera un peu plus fort", témoigne Vincent Recoules, infirmier spécialisé en réanimation.
Un service rempli de patients très contagieux
Le personnel, du médecin aux agents de ménage, travaille ainsi vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les lits sont pleins, de patients très contagieux. Pas de place pour tous. Même en détresse, aussi. Ils sont orientés et pris en charge par d'autres services. La semaine prochaine, une cellule psychologique va se mettre en place pour les soignants.
Un reportage en immersion de Karine Arroyo et Laura Schintu :