Covid-19 : comment deux caméramans se sont retrouvés placés en quatorzaine sans avoir quitté le territoire

Un des hôtels nouméens réquisitionnés pour la quatorzaine, image d'illustration.

Les recours en justice autour de la quatorzaine se multiplient en Nouvelle-Calédonie. Deux caméramans placés en quatorzaine à la suite d'un reportage sur un porte-conteneur ont saisi la justice. Ils ont pu quitter leur hôtel après treize jours. 

Ils n’ont pas quitté le territoire, mais ont été placés en quatorzaine. Le 16 avril, deux caméramans ont pris la direction d’un hôtel de quarantaine, après un reportage d’une heure trente sur un porte-conteneur en provenance du Havre. Un navire qui était en mer depuis plus de vingt-trois jours, et avait effectué des passages au Panama et à Tahiti, mais sans descente du personnel. 

Levée de la mesure

Après un peu plus d’une heure trente de mer, les deux hommes, qui effectuaient un reportage sur le métier de pilote maritime, sont descendus du navire, aux abords de l’îlot Signal. À leur retour sur la terre ferme du côté de port Moselle, il leur est indiqué qu’une navette les attend pour leur placement immédiat pour quatorze jours au Méridien. Les deux Calédoniens ont attaqué devant la justice l’arrêté de quatorzaine pris par le haut-commissariat. 

Une première demande de levée de la mesure a été effectuée par leur conseil Me De Greslan, saisi du dossier quelques jours après leur placement. Elle a été rejetée par le juge des libertés et de la détention. 

"Ces personnes se sont totalement conformées à ce qui est applicable en Nouvelle-Calédonie, lance Me De Greslan. C’est-à-dire le décret du 16 octobre 2020 du gouvernement français, qui prévoit que lorsqu’une personne de plus de 11 ans monte sur un navire, elle doit simplement porter un masque, ce qu’ils ont fait. Et on savait par ailleurs que le navire était en mer depuis 23 jours, sans qu’aucun marin ne soit descendu, ni que personne ne soit monté à bord."

Me De Greslan, avocat des deux caméramans

 

Demande préalable

Les deux hommes l’assurent : une demande préalable avait été faite auprès des services de la Direction des Affaires sanitaires et sociales de la Nouvelle-Calédonie. Et le carnet médical de bord, ne faisait état d’aucun malade sur le navire. 

Contactés, les services de la DASS n’ont pas souhaité s’exprimer sur le motif de ce placement en quarantaine. De son côté, l’un des deux caméramans affirme qu’ils ont été tous deux "psychologiquement abandonnés", sans aucune explication. Avec un arrêt forcé de leur travail, une perte d’activité de 50%, mais aussi des problèmes familiaux et de santé. 

Recours pour excès de pouvoir

"Ils ont été libérés au 13e jour, précise leur conseil Me De Greslan. La première réponse (négative), c’est celle du juge des libertés qui a statué sans même nous recevoir, sans une audience. Ensuite, on a fait appel devant le premier président de la cour d’appel et lui a statué en près de 24 heures. Il a eu le temps d’organiser une audience avec le représentant du haut-commissaire, le parquet général et moi-même."

La cour d’appel a réformé cette ordonnance du juge des libertés, en disant qu’il n’appartenait pas à un juge de suppléer les carences qu’il pouvait y avoir dans les textes, au nom d’un principe infondé.

Me De Greslan

 

Un recours pour excès de pouvoir à l'encontre de l'État a été formulé par l’avocat auprès du tribunal administratif. Un recours en indemnisation pourrait ensuite être formulé par les deux intéressés.