En temps normal, elles ont chacune leur patientèle. Mais depuis la semaine dernière, Anne Bedel et Emmanuelle Tremelot, infirmières à domicile, "partagent" leurs patients Covid. "On a décidé, avec deux autres cabinets du quartier, de se mutualiser pour faire une tournée supplémentaire sur nos jours de repos", explique Emmanuelle. "Parce que certaines vont devoir assumer les tournées des patients chroniques habituels, et on ne mélange pas les patients touchés par le Covid et ceux qui ne le sont pas."
Une tournée particulièrement exigeante
Ce jour-là, c’est Anne qui assure la tournée Covid, forcément très exigeante en termes de précautions. "Chez chaque patient, nous avons la même procédure à appliquer", décrit-elle. Avant d’entrer dans le logement où deux personnes sont positives, elle s’équipe : blouse, charlotte, gants, sur-chaussures et bien sûr, matériel dédié. "Mon tensiomètre, mon thermomètre, le saturomètre, mon chrono pour évaluer la fréquence respiratoire."
Recours au Samu
"Si vous devez évaluer votre état, par rapport à hier, entre 0 et dix, à combien vous l'évaluez ?" "La toux, c'est comment ? "C'est dur, de respirer ?" Après vingt minutes d’entretien et d’examen, l'infirmière décide de contacter le Samu. "Je trouve que la dame n'est pas en forme. Elle respire moins bien, sa saturation en oxygène ne me plaît pas trop, et surtout, elle est dyspnéique - elle a une fréquence respiratoire accélérée et hors norme."
Un texte... "validé oralement"
Anne et ses collègues assurent cette surveillance vitale deux fois par jour, pour quinze patients. Problème : aucun texte officiel n’encadre ces tournées Covid. "Ce texte a été validé oralement", précise Coralie Lesvêque, vice-présidente du Syndicat des infirmiers à domicile. "Je suis persuadée qu'il sera validé à l'écrit. Mais on a des infirmiers sur le terrain qui, sans texte signé, posé, travaillent actuellement sans aucun cadre administratif et législatif. En cas de souci, potentiellement, ils ne seront pas couverts par leur assurance."
Ultimatum
A défaut de texte officiel, plusieurs infirmiers à domicile refuseront dès ce mardi 28 septembre de prendre en charge tout nouveau patient Covid.
Un reportage de Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry diffusé au JT du 27 septembre :