La crémation gagne du terrain en Nouvelle-Calédonie

Après la Toussaint, c’est la fête des morts qui est célébrée en ce 2 novembre. A Nouméa, on compte environ 21 100 personnes inhumées dans les cimetières de la commune mais qu'en est-il de la crémation ? Comment cette pratique est elle perçue par la population ?
Anita Le Pironnec a perdu son mari Jean-Claude il y a huit mois. Les dernières volontés du défunt : ne pas être inhumé mais bénéficier d’une crémation. Ses cendres sont entreposées au columbarium du cimetière du 5ème km. 
« Avec mon mari, on avait décidé que c’était mieux parce que les enfants sont en Brousse, et vous savez de nos jours, on ne peut pas se déplacer comme on veut, les patrons des fois, il disent oui comme ils disent non. Et pour l’entretien des tombes, c’est un peu dur ou c’est toujours les mêmes qui sont sur les tombes. Alors avec mon mari, on a décidé tous les deux de se faire incinérer et comme çà, il y a moins d’entretien. »
 

Un premier crématorium en 1998

Il y a trente ans, la crémation était impossible dans le pays, les Calédoniens devaient se rendre en Nouvelle-Zélande.
Il faut attendre 1998 pour que l’association des crématistes ait l’autorisation de construire un crématorium au 5ème km.
A l’époque, la municipalité de Nouméa ne souhaite pas gérer la structure mais elle accorde à l’association une concession pour l’aménagement de cette colline. 
« Dès l’instant où la crémation a pu être réalisée sur le Territoire, la première année, nous avons enregistré une centaine de crémations » explique Jacques Boden, le président de l’association des crématistes de Nouvelle-Calédonie. « Ensuite, c’est allé crescendo, en augmentant progressivement tous les ans, pour arriver l’année dernière au chiffre de 420 personnes crématisées sur le Territoire, adultes et enfants. » 
Le crématorium du cimetière du 5ème km.
 

Des réticences religieuses ou coutumières

Aujourd’hui, une crémation coûte près de 170 000 francs CFP.
Les Calédoniens sont de plus en plus nombreux à faire appel à cette technique. Cependant, certaines religions et certaines communautés du Territoire n’y sont toujours pas favorables.
« J’ai eu l’exemple d’un monsieur de Lifou qui avait écrit ses dernières volontés, donc qui avait fait ce qu’on appelle un testament crématiste et qui avait souhaité être crématisé parce qu’il voulait que ses cendres reposent au fond de l’eau à un endroit spécial de Lifou parce qu’il avait une histoire importante. J’ai du accompagner sa famille au tribunal pour que soient reconnues ses dernières volontés parce qu’au niveau coutumier, c’était impossible » explique Béatrice Pietri-Sorin, chef de service à l’état-civil de la mairie de Nouméa de 1999 à 2011.
Le nouveau crématorium en construction.
 

Un nouveau projet en construction

La municipalité gère le crématorium du 5ème km depuis le mois d’avril 2019.
Un autre projet est en phase de construction, doté de fours de nouvelles générations, il devrait permettre davantage de crémations au quotidien.
La crémation : une solution avancée face aux manques de places dans les cimetières. On compte aujourd’hui plus de 20 000 personnes inhumées à Nouméa.
Le reportage de Natacha Cognard et René Molé 
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