Cricket international : la Nouvelle-Calédonie, réservoir de l'équipe de France ?

Hmadrene Wenehoua s'est essayée au cricket international samedi dernier à N'Du.
Après la signature d'une convention avec France cricket pour intégrer des joueuses calédoniennes chez les Bleues, un premier rassemblement a été organisé, samedi 21 septembre, à Nouméa. Une belle dynamique est lancée.

Sur le terrain de N'Du, samedi 21 septembre, un entraînement féminin de cricket international. 23 joueuses provenant de clubs basés à Nouméa sont réunies pour se familiariser avec cette pratique bien différente de la version traditionnelle. En Nouvelle-Calédonie, jusqu'ici, seuls les hommes s'y essayaient, pour préparer les Jeux du Pacifique. Mais depuis mars dernier, la donne a changé. La fédération française s'est déplacée sur le territoire pour signer plusieurs conventions concernant les féminines. 

Un tournoi des 4 nations du Pacifique en cricket international 

"Dans l'Hexagone, ils n'ont pas de difficultés à recruter des Français issus de l'immigration et provenant de pays férus de cricket international comme les Indiens, les Sri-lankais, ou les Afghans. Pour les féminines, en revanche, ils manquent de candidates", témoigne Steeven Selefen, conseiller technique sportif du comité national de cricket de Nouvelle-Calédonie. "Lors de leur venue, les dirigeants ont montré leur intérêt pour le potentiel de nos filles. Elles pourraient composer jusqu'à 80, 90 % de l'effectif des Bleues."

Les joueuses ciblées sont nées entre 1993 et 2009, afin d'alimenter les équipes séniors, ainsi que les moins de 16 et 19 ans. Des échéances vont rapidement arriver, comme l'organisation d'un tournoi des 4 nations du Pacifique en mars 2025, à Nouméa. À plus long terme, les Jeux Olympiques pourraient également être un objectif, si le cricket est inscrit à Los Angeles en 2028 ou à Brisbane en 2032. 

Reportage sur le projet féminin autour du cricket international :

©nouvellecaledonie

S'adapter aux spécificités du cricket international

Si un élan est donné, une sorte de mutation doit maintenant s'opérer. Le cricket international possède des spécificités auxquelles il est difficile de s'adapter, lorsque l'on vient du traditionnel. Les résultats de la sélection calédonienne masculine aux Jeux du Pacifique 2019 à Samoa en attestent : sept revers, en autant de matchs disputés face à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Vanuatu, et à Samoa.

"C'est comme si on réapprenait à lancer"

"Au cricket international, le terrain et la boule sont réguliers. Il n'y a pas de faux rebond, et la boule est plus petite, explique Steeven Selefen. Pour la réception, il faut davantage attaquer la boule. Le lancer n'est pas le même non plus. Alors qu'on casse le bras en traditionnel, on enroule avec le bras tendu en international. Avec l'élan et ce geste particulier, on peut lancer plus fort, jusqu'à 140 kilomètres / heure en compétition." Sur une partie du terrain de N'Du, Lyzzie Wayewol tente de viser les piquets situés face à elle. "On a l'habitude de mettre des effets en cassant le bras, confie la licenciée de l'AS Zapone. Là, c'est comme si on réapprenait à lancer, c'est compliqué. Avec la répétition, je pense que ça viendra petit à petit."

Une batte plus petite et des guêtres

Un peu plus loin, pour d'autres présélectionnées, un atelier de batting est proposé. Hmadrene Wenehoua enchaîne les frappes réussies. "La batte est plus courte en international, et la prise, moins large. J'attends le dernier moment pour taper. La balle est plus petite, j'y arrive bien." Petit bémol, en revanche : le port obligatoire des guêtres pour les batteuses.

Ces protections placées sur chaque jambe montent des chevilles jusqu'aux cuisses et compliquent les déplacements. "J'ai du mal à courir avec, ça me bloque. Ça me fait des croche-pieds, rigole la joueuse de l'AS Lössi. Au final, ça va. Il faut bien écarter les jambes au départ pour ensuite démarrer sa course." 

D'ici au tournoi des 4 nations du Pacifique, d'autres joueuses seront testées en cricket international sur les îles. France cricket prévoit aussi de faire appel aux Calédoniennes installées en métropole.