L’Isee a publié vendredi sa “conjoncture de crise” pour le mois de novembre 2024. Et sans surprise, les principaux indicateurs économiques continuent de s’enfoncer dans le rouge.
À commencer par l’emploi salarié. Avec, selon des données encore provisoires, 57 336 salariés au 3e trimestre contre 68 687 pour la même période 2023, soit 11 351 emplois détruits.
Néanmoins, les chiffres sont à prendre avec des pincettes. Élise Desmazures, directrice de l'Institut de la statistique et des études économiques, le confirme. "En ce qui concerne l’année 2024, nous aurons les chiffres dans quelques mois. Les chiffres donnés pour le mois de septembre ne sont pas encore consolidés. Mais on a fait le choix quand même de les communiquer pour que la population puisse savoir l’état du marché de l’emploi.”
L’emploi salarié avait commencé à baisser avant les émeutes. Ainsi, au 1er trimestre 2024, le nombre de salariés avait déjà chuté de 2,89% par rapport à la même période 2023. Des chiffres toutefois sans commune mesure avec ceux post-émeutes : -11,43% au 2e trimestre et - 16,53% au 3e.
Tous les secteurs d’activité sont concernés, mais ce sont les services qui paient le plus lourd tribut à la crise.
Conséquence, le nombre de chômeurs, c’est-à-dire de personnes sans emploi bénéficiant d’une indemnisation (chômage de droit commun ou chômage "spécial exactions") continue lui aussi de progresser, comme le montre le tableau ci-dessous.
Moins de recours au chômage partiel, mais un avenir toujours sombre
Signe que l’économie redémarre partiellement, les entreprises autorisées à recourir au chômage partiel pour le mois de novembre ne sont plus que 970, contre 1 700 au plus fort de la crise, ce qui pourrait concerner 13 600 salariés au maximum (contre 23 600 en juillet). "Nous voyons dans ces chiffres un message positif. Peut-être que les entreprises ont une meilleure visibilité sur leurs activités Et font donc moins de démarches pour pouvoir bénéficier du chômage partiel. Il faut rappeler qu'une personne au chômage partiel n’est pas un chômeur c’est une personne qui a conservé son emploi", espère la directrice de l'Institut.
Mais plusieurs facteurs pourraient entraîner de nouvelles destructions d’emploi dans les prochaines semaines : un redémarrage de l’économie qui ne se confirmerait pas dans le temps et les incertitudes sur le financement du chômage partiel “spécial exactions”, qui pourraient entraîner des licenciements.
Le nombre de radiations d’entreprises continue d’être supérieur au nombre de créations. Ainsi 1 283 entreprises ont disparu au 30 novembre 2024. Elles étaient “seulement” 418 en 2023.
Un point sur les chiffres 2024 de l'Isee avec Marion Thellier.
Une augmentation de 2,4% des prix pour les ménages les plus modestes
Dans ce contexte, la précarité est en nette augmentation. "Nous n'avons pas forcément beaucoup de chiffres qui nous permettent de la mesurer. Mais depuis deux ans, on calcule un indice des prix pour les ménages les plus modestes parce qu’ils ont un profil de consommation différent de celui de l’ensemble des Calédoniens. Durant la fin du mois de novembre, sur l’ensemble des ménages Calédoniens, on a un peu moins de 1% de l’augmentation des prix, pour ces ménages, on est à plus de 2,4%. Ensuite, derrière ces chiffres-là, il y a l’augmentation des prix de l’alimentation et des transports en commun dont les prix ont doublé. On a une grosse dégradation des services. Les services de transport en commun mais également sur les services de santé. Cela veut dire des surcoûts pour toutes ces populations."
Un recensement entre le 22 avril et le 22 mai
Pour réaliser un bilan concernant le nombre de populations qui ont quitté le territoire, l'Isee organise un recensement qui aura lieu entre le 22 avril et le 22 mai. "L’Institut n’a pas sorti de chiffres sur le sujet parce que la situation n’est pas stabilisée. Nous ne sommes pas sûrs que les chiffres à l’aéroport soient totalement complets. C’est bien au moment du recensement que l’on aura une image de la population et qu’on pourra voir les différences entre 2019 et 2025”, explique Élise Desmazures.
Plus d'informations dans l'interview de Thérèse Waïa.