Crise en Nouvelle-Calédonie. Le mausolée du grand chef kanak Ataï vandalisé et les reliques dérobées, à La Foa

Le mausolée d'Ataï à la Foa.
À La Foa, le mausolée du grand chef kanak Ataï et de son Dao, sorcier, a été vandalisé pendant la nuit de dimanche à lundi. Les reliques ont été volées. Ce site mémoriel a été inauguré en septembre 2021. Un acte de profanation condamné par la mairie de La Foa, le haut-commissariat ou encore le président du gouvernement.

Symbole de réconciliation, le mausolée du grand chef kanak Ataï et de son Dao, sorcier, a été profané à La Foa, dans la nuit de dimanche à lundi. Inauguré en 2021, il était le projet d’une vie pour Berger Kawa, le grand chef de la tribu de Petit Couli :"Ils ont tout brûlé, ils ont tiré le couvercle et cassé le marbre. Mon sentiment, c'est qu'on s'en prend aux vieux." Selon Berger Kawa, "un travail coutumier va être fait" pour retrouver l'auteur de ces exactions.

Les reliques dérobées

Les crânes du grand chef kanak, symbole de la révolte de 1878, et de son sorcier ont disparu. "Les reliques ont été dérobées. Ils ont forcé le caveau et cassé la plaque en mémoire des 32 victimes", atteste la maire de La Foa, Florence Rolland. "On espère que les auteurs de ces actes seront retrouvés. Ce geste-là est fort, après la maison Lacourt, c'est le site funéraire de Fonwhary qui est attaqué." Elle appelle tous les habitants de La Foa et du bassin à rester unis.

"Une attaque directe à nos valeurs collectives"

Pour la mairie de La Foa, ces actes "constituent une attaque directe à nos valeurs collectives, à notre mémoire partagée et à notre volonté de bien vivre dans le respect mutuel". La municipalité appelle à la "responsabilité de chacun" pour maintenir le calme et à "rester unis sans céder à la division que ces actes cherchent à provoquer."

"Un acte d'une grande gravité"

Pour le haut-commissariat, c'est un "acte d’une grande gravité" qui est condamné par le haussaire, Louis Le Franc. Dans un communiqué du 22 juillet, il "réaffirme son plein et entier soutien aux Calédoniens et redit sa détermination pour leur assurer un retour à la vie normale. Les forces de sécurité maintiendront leurs efforts pour assurer l’ordre public en Nouvelle-Calédonie", ajoute-t-il.

"Un nouveau degré franchi"

"Nous pensions avoir atteint un paroxysme dans les évènements de ces dernières semaines avec l’incendie des églises de Saint-Louis, de Vao, et du presbytère de Thio-Mission", renchérit le président du gouvernement, là aussi par communiqué. Or, "un nouveau degré vient d’être franchi", estime Louis Mapou. D’après lui, "nul ne peut se satisfaire ni justifier décemment de tels actes qui dépassent notre entendement collectif (…) Je dénonce, au nom du gouvernement collégial, ces actes qui portent préjudice à la mémoire collective que représentent les édifices religieux ainsi que les lieux de commémoration historique."

Le Sénat coutumier, également, "condamne avec la plus grande fermeté ces actes et apporte son soutien aux familles du grand chef Ataï et de son compagnon". L’institution "appelle la population à garder le calme".

Dans un autre communiqué, l'UC se dit attristée par le saccage du mausolée. "Il symbolisait la réconciliation entre les communautés, élement central du projet que porte l'Union calédonienne." Le parti indépendantiste déplore aussi les incendies des églises de Saint-Louis, de Vao et du presbytère de Thio. "On ne peut s'attaquer aux lieux de culte, des monuments historiques, car ils revêtent d'un caractère sacré". L'Union calédonienne appelle, de même, la population au calme.

La synthèse de Martin Charmasson

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