Crise en Nouvelle-Calédonie. Les alternatives aux transports en commun se développent à Nouméa et dans son agglomération

La crise a fait changer les habitudes de déplacement des Calédoniens.
Faute de transports en commun, les solutions alternatives pour se déplacer se développent. C'est le cas des "taxis 1000" ou encore des "transports solidaires". De leurs côtés, les étudiants de l'Université de Nouville pourraient bientôt avoir accès à des vélos.

Les taxis 1000. Ce sont des chauffeurs qui se sont regroupés et transportent des particuliers depuis le 13 mai. Un service de transports, sans assurance, ni licence et qui coûte 1000 francs la course, à Nouméa. "Comme il n'y a pas de car, tout le monde se penche sur les taxis 1000. On est constitué en groupe avec plusieurs conducteurs", atteste Jean, un chauffeur. "Et le taxi 1000, c’est un taxi moins cher qui permet aussi à ceux qui n’ont pas les moyens de se déplacer quand même", renchérit un autre chauffeur qui a préféré rester anonyme.

Ces types de transport intéressent Elise Kaméo, une étudiante originaire de Nouvelle-Calédonie qui étudie à Toulouse. En cette période de trouble, elle tente de comprendre les motivations de ces chauffeurs, qui ne sont pas des taxis. 

Des difficultés pour les courses, l'accès aux soins, etc.

Dans le cadre de son stage, Elise Kaemo, montre que l’absence de transports en commun, entraîne des difficultés d’accès au soin, à l’éducation, une diminution des revenus ou encore une perte de salaire.

C'est le cas, par exemple, de Sylvie, une habitante de Tindu. Le "taxi 1000", lui permet de faire ses courses : "On n'a plus de car ! Pour aller faire les courses, on prend les taxis 1000, ils nous posent dans Tindu, ce qui n'est pas le cas des taxis verts !"

Du côté de Païta, Leothicia et d'autres particuliers, organisent le transport des passagers "dans le besoin" et "à petit prix" :  "On propose le trajet à 150 francs, un transport solidarité de Dumbéa à Païta. On avait profité des réseaux sociaux pour avoir du monde pendant la crise, on ne pensait pas que ça allait prendre une telle ampleur", confie Leothicia. "En ce moment avec tout ce qu'il se passe, il y a pas de car alors j'aide la population. Certains ont des papiers à faire, d'autres des courses, certains me donnent même de la nourriture pour me payer !"

"Trouver de la synergie"

Les "taxis verts" de Nouméa sont aussi sollicités. Cependant, ils ont des contraintes légales auxquelles ils ne peuvent pas déroger comme la mise en conformité pour transporter des passagers ou le paiement d'une assurance pour les transports de passagers, leurs licences ...

On veut que ces étudiants soient autonomes.

Benoît Mantez, professeur à l'UNC

À l'Université de Nouvelle-Calédonie, l'option de louer ou de prêter des vélos est envisagée. "On va faire un premier atelier avec quelques vélos et l'association Droit au vélo. On veut que ces étudiants soient autonomes, qu’ils sachent éventuellement réparer un dérailleur, changer un pneu, etc.", dit Benoît Mantez, professeur d'EPS à l'université.

En ces temps de crise, redéfinir le transport et la mobilité en Nouvelle-Calédonie devrait devenir une priorité pour les pouvoirs publics. "Sur les sujets "transports et mobilité", on a des compétences éclatées : la ville, le gouvernement, le SMTU… Chacun fait des actions, mais dans son coin", atteste Catherine Glanois, en charge d'un bureau d'études dédié à la mobilité. "Dans une période comme ça, c’est compliqué, il faut trouver plus de synergie."

Un reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Cédric Michaut

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