Elle est médecin généraliste, installée à Nouméa depuis de nombreuses années. Entre son cabinet et les visites à domicile, la praticienne, qui souhaite rester anonyme a depuis plus de deux mois de grandes difficultés à exercer son métier, en toute sécurité. “Les conditions d’exercice depuis le 13 mai ont été grandement modifiées. Les visites à domiciles ont été complexes avec particulièrement deux visites avec des agressions physiques sur la voiture, et donc, un changement de route. Ma sécurité a été affectée”, révèle la professionnelle de santé.
Dans ce contexte qu’elle estime éprouvant, cette médecin n’exclut pas la fermeture de son cabinet. Elle se laisse encore quelques semaines de réflexion. Des départs qui se multiplient, en Nouvelle-Calédonie depuis la mi-mai. À ce jour, l’ordre des médecins recense 78 demandes de radiation, quasiment 10% des effectifs. Rien qu’au mois de juin, 30 praticiens libéraux ont quitté la Calédonie.
Vingt cabinets médicaux incendiés, cinq saccagés
Après trois années d’exercice dans un quartier du Mont-Dore sud, Juliette Dal s’est résignée à tout quitter. Cette orthophoniste fermera définitivement son cabinet le 31 juillet, laissant derrière elle 40 patients. Une décision prise à cause “du contexte peu sécurisé, des difficultés pratiques pour aller travailler et des perspectives d’avenir quasi-nulles” sur le territoire.
Des traumatismes vécus par de nombreux professionnels de santé. Depuis le début de la crise, vingt cabinets médicaux ont été incendiés, cinq saccagés. Pour les praticiens directement affectés par les émeutes, du matériel médical et un ordinateur ont été fournis par l’ordre des médecins.
Mais avec cette instabilité, les cabinets des médecins libéraux se sont vidés, et le nombre de consultations a été divisé par deux.