Crise en Nouvelle-Calédonie. Retour sur deux mois d'émeutes vus par la justice

Présence de gendarmes au palais de justice, le 27 février 2024.
Au volet judiciaire, ces deux mois d’émeutes en Nouvelle-Calédonie ont conduit la justice à prononcer 145 condamnations. Une très grande majorité des individus a été déférée au Camp Est, pour y purger des peines de prison ferme.

63 jours de violences, de saccages, d’incendies et de pillages. Depuis le début des émeutes le 13 mai dernier, 1556 personnes ont été placées en garde à vue, 302 déférées et 145 incarcérées au Camp Est ou dans des prisons de l’Hexagone. 

Les comparutions immédiates multipliées par deux

Pour répondre à l’afflux des dossiers à traiter, la justice a dû s’adapter dans l’urgence. Les comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité ou "plaider coupable" ont nettement augmenté et les comparutions immédiates ont été multipliées par deux. "Pour certains mis en cause pour des faits de vols ou de recel de vols, on a parfois des primo-délinquants qui ont trouvé une opportunité pour piller certains locaux commerciaux, précise Yves Dupas procureur de la République. Pour les violences sur les forces de l'ordre, c'est un profil souvent différent avec des antécédents judiciaires notamment pour violences."

Des investigations poussées

Des enquêtes judiciaires ont par ailleurs été ouvertes concernant des soupçons de violences exercées par ou sur les forces de l’ordre. "Ces dossiers représentent un volume très limité, c'est-à-dire que nous avons plusieurs enquêtes encore en cours, qui justifient des investigations poussées, avec notamment le recueil de différents témoignages. C'est le cas de cet adjoint de sécurité qui a dénoncé des violences sur sa personne à l'occasion du passage d'un barrage de voisins vigilants. C'est le cas aussi de deux ou trois plaintes ou signalements de violences qui auraient été commises à la suite de l'interpellation de certaines personnes. Ces enquêtes sont menées avec impartialité."

Un travail d'enquête qui pourra durer des mois dans certains cas, comme le disait déjà le procureur, il y a un mois. 

Dix personnes décédées

Le parquet poursuit également ses investigations sur les commanditaires présumés sous l’autorité de deux magistrats. À ce jour, treize personnes sont mises en examen dans le cadre de ces exactions. Depuis le 13 mai, dix personnes sont décédées dont deux gendarmes.

Le reportage de Sheïma Riahi et Cédric Michaut :

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