Les Îles Cook négocient avec Pékin l’exploitation des minéraux des fonds marins. Une démarche stratégique qui inquiète la Nouvelle-Zélande et soulève des questions écologiques.
Entre promesse d’indépendance financière et menace environnementale, les Îles Cook avancent sur une ligne de crête. L’archipel doit jongler entre ses besoins de développement, la pression de ses alliés historiques et la montée en puissance de la Chine dans le Pacifique.
Une alliance minière en préparation
L’archipel de 17 000 habitants, territoire autonome du Pacifique et ancienne colonie de la Nouvelle-Zélande, s’apprête à franchir un cap dans l’exploitation de ses richesses marines. Le Premier ministre Mark Brown, en déplacement à Pékin, a confirmé l’ouverture de discussions avec la Chine sur l’extraction des nodules riches en métaux de l’archipel. Ces formations rocheuses, riches en nickel et en cobalt, sont des matériaux clés pour la fabrication des batteries de véhicules électriques. Déjà, trois entreprises disposent de licences d’exploration dans ces eaux profondes.
Ces conversations ont ouvert la porte à des nouveaux domaines de collaboration.
Mark Brown, Premier ministre des Îles Cook
Mark Brown, également en charge du portefeuille des minéraux des fonds marins, défend ce projet comme un levier de croissance majeur. Cela pourrait, selon lui, rapporter des milliards et permettre aux Îles Cook de renforcer leur résilience face aux effets du changement climatique. Mais ce pari économique n’est pas sans conséquence.
Un enjeu économique sous haute tension
Si les autorités locales voient dans ce projet une opportunité, la communauté scientifique et les associations environnementales alertent sur les risques pour les écosystèmes marins. La destruction des fonds marins pourrait impacter la biodiversité et compromettre le rôle de l’océan dans la régulation du climat. L'année dernière, Mark Brown avait souligné que les îles Cook devaient se protéger contre le changement climatique "grâce à tous les revenus que nous pouvons obtenir".
La Nouvelle-Zélande, avec laquelle les Îles Cook entretiennent une relation étroite, a fait part de ses inquiétudes. L’archipel, qui dispose d'une vaste Zone économique exclusive (ZEE) au coeur du Pacifique Sud, bénéficie d’un statut de libre association avec Wellington, qui lui apporte un soutien financier et diplomatique. Ce rapprochement avec la Chine, dont les termes de l’accord restent flous, pourrait redistribuer les équilibres dans la région.
Pékin avance ses pions dans le Pacifique
L’intérêt chinois pour les Îles Cook s’inscrit dans une dynamique plus large. Depuis plusieurs années, Pékin intensifie ses relations avec les nations du Pacifique, cherchant à renforcer son influence face aux acteurs historiques que sont l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.
En décembre dernier, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Ma Zhaozu, s’était déjà rendu sur place pour discuter du renforcement des liens dans des domaines tels que le développement économique, la santé, l'éducation et la réponse au changement climatique.