Député de la Nouvelle-Calédonie, un rôle particulier

L'hémicycle de l'Assemblée nationale à Paris
Un peu partout, les programmes multiplient les promesses électorales. Pour autant, toutes ne sont pas compatibles avec le rôle très particulier des députés calédoniens. C'est bien le statut unique de la Nouvelle-Calédonie qui rend l'exercice si singulier.

À l’assemblée nationale il y a d’abord les tâches incontournables. Pendant les cinq années de son mandat, le député aura deux missions : faire la loi, et contrôler l’action du gouvernement.
Mais parmi les lois déposées à l’Assemblée nationale, nombreuses sont celles qui touchent à des compétences qui relèvent de la Nouvelle-Calédonie. Le mandat du député s’en trouve forcément modifié.

Un rôle à part

" Pour les lois qui concernent les compétences régaliennes, police et gendarmerie, la défense, la justice, les traités internationaux, crédit et monnaie, là, par contre, quand on vote une loi, elle s’applique en Nouvelle-Calédonie et le cas échéant on peut déposer des amendements ou faire des propositions pour que certaines choses qui n’existent pas chez nous puissent être étendues ou adaptées chez nous. Donc oui, ça donne un rôle du député de la Nouvelle-Calédonie à nul autre pareil sur les 577 de l’Assemblée" explique Philippe Gomès, député de la Nouvelle-Calédonie de 2012 à 2022.

Ne pas confondre les mandats

Bien cerner la fonction n’est apparemment pas si simple. Les programmes des candidats regorgent ainsi de promesses électorales qui parfois s’éloignent du rôle si particulier attaché à nos députés.
Ainsi cet engagement de créer de nouveaux emplois, ou la proposition de renflouer le budget grâce à une taxe sur l’exploitation du nickel…
"Souvent, beaucoup de candidats, à les entendre, confondent un petit peu un programme pour des élections locales, provinciales, avec un programme pour des élections nationales" constate Luc Steinmetz, historien et juriste. "On trouve beaucoup d’exemples dans les programmes de nos candidats cette fois ci qui relèvent davantage de compétences strictement locales pour lesquelles un député n’a pas vraiment de pouvoir".

Participer aux discussions sur l’avenir

Et puis il y a cette mission bien spécifique qui attend nos élus pour cette nouvelle mandature. Lorsque le débat sur l’avenir institutionnel parviendra jusqu’à l’Assemblée nationale.
" Il est bien évident que les députés calédoniens seront, en particulier dans cette phase où il va y avoir maintenant de nouvelles négociations, de nouvelles discussions pour un référendum de projet sur un nouveau statut, la manière de sortir complètement de l’Accord de Nouméa, partie prenante dans les négociations" poursuit Luc Steinmetz.

Un honneur et une responsabilité

Un statut qui en fait des députés à part. Les seuls par exemple dont le nom du pays est inscrit dans la Constitution. Et leur donne une dimension supplémentaire.
" Notre parole a un poids supérieur, elle est davantage écoutée que celle d’un autre député d’une région française quelconque. Donc, c’est à la fois un honneur immense bien sûr d’être député, mais c’est aussi une responsabilité parce qu’on est député de la Nouvelle-Calédonie, qu’il n’y a pas d’équivalent à l’échelle nationale" souligne Philippe Gomès.
C’est donc à cette lourde charge que souhaitent s’atteler les 17 candidats déclarés à la fonction parlementaire. Sachant que sous les ors de la République, les responsabilités sont parfois écrasantes.
Les explications de Bernard Lassauce et Claude Lindor