La troisième journée de visite de la mission du Forum des îles du Pacifique a débuté avec une rencontre avec les autorités religieuses, à Nouméa. Il faut dire que l’Église n’a pas été épargnée par les violences ces dernières semaines.
Pour Monseigneur Calvet, l’expérience de nos voisins peut être utile à la Nouvelle-Calédonie. “Pour avoir visité souvent les Fidji, Tonga, les Salomon, le Vanuatu et beaucoup d’îles du Pacifique de par mes fonctions, eux aussi ont eu des moments qui ont été durs. L’expérience de violence, difficile à remettre dans un chemin du dialogue, eux aussi, savent ce que c’est”.
"À quel moment on nous a entendues ?"
Mais la délégation est surtout là pour écouter. Et entendre les difficultés concrètes des Calédoniens… et des Calédoniennes qui se sentent particulièrement oubliées. Des difficultés relatées par les membres de l'Union des femmes francophones d'Océanie. “On a basé notre bien-être sur le développement économique. Ce n’est plus suffisant. Les gens ont un mal être, ils ne se reconnaissent plus dans tout ce système, y compris celui de l’éducation", assure Sonia Togna, présidente de l'Union des femmes francophones d'Océanie.
"On essaie de faire rentrer une société océanienne, dans un cadre qui n’est pas conçu pour nous. Quand est-ce qu’on sera entendu dans nos pays? C’est au moment où la paix vient d’être mise à mal, que l’on vient chercher les femmes. À quel moment on nous a entendues ?”, interroge Sonia Togna.
"Ils peuvent inciter les partis indépendantistes à venir autour de la table"
De leur côté, les représentants politiques espèrent que les leaders du Pacifique sauront jouer de leur influence. À l’international, mais aussi le territoire. “Il y a une tradition océanienne du dialogue et du palabre. Je pense qu’effectivement ils peuvent inciter les partis indépendantistes à venir autour de la table et c’est important aujourd’hui”, indique Pascal Vittori, président de l’association Française des maires de Nouvelle-Calédonie.
“Ce que l'on attend aussi du forum des îles du Pacifique, c’est qu’ils appuient la notion de dialogue. Après cette crise, avec les élus indépendantistes qui ont envie de construire la Nouvelle-Calédonie et qui respectent chaque communauté ici, il faut rapidement ouvrir cette page de dialogue”, assure de son côté Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement. “Plus on sera nombreux, à avoir cette parole de sagesse, plus on aura de chance d’amorcer cette phase de dialogue”.
Le reportage de Stephanie Chenais et Gaël Detcheverry :
"Ils ont cherché à comprendre les causes profondes ce qu'il s'est passé"
La délégation s’est ensuite entretenue avec les représentants des forces de l’ordre et le président du gouvernement Louis Mapou, au Haut-commissariat. Pour le haut-commissaire Louis Le Franc, les échanges ont été à la hauteur des enjeux. “Ce sont de hauts responsables des États du Pacifique qui sont venus comprendre, ce qu’il s’est passé ici. Ils ont été très à l’écoute. Ils ont rencontré différents responsables des formations politiques calédoniennes. Ils ont cherché à comprendre les causes profondes de ce qu’il s’est passé, depuis le 13 mai”, détaille le haut-commissaire.
“Ils considèrent qu’il va falloir établir un large cercle de concertation, pour obtenir un accord. Ils ont parlé des jeunes, des femmes, dont ils considèrent qu’ils doivent être écoutés. Ils misent beaucoup sur la case de la confiance. Et la nécessité de vivre ensemble. Et sur leur volonté de nous aider. Tout en disant que la solution appartient d’abord, aux Calédoniens”, poursuit Louis Le Franc.
La délégation du Forum des îles du Pacifique doit rendre son rapport, dans le courant de l’année prochaine.