Des militaires français et américains en exercice au Japon contre la menace chinoise

Le Japon a donné le coup d’envoi de manœuvres militaires communes dans le Sud-Ouest avec des forces françaises et américaines

Au Japon se déroulent depuis mardi des manœuvres militaires communes avec des forces françaises et américaines, sur fond d'inquiétudes face aux ambitions territoriales, y compris maritimes, de la Chine dans la vaste région de l'Indo-Pacifique.

Une frégate australienne participe à la phase maritime de ces exercices navals, aériens et terrestres, baptisés ARC21 et qui dure toute la semaine sur l'île de Kyushu.

C'est la première fois que la France est impliquée dans de telles opérations d'entraînement interarmées, avec la marine nationale, et des soldats au sol, dans l'archipel nippon.

La phase maritime opérationnelle s’est ouverte vendredi dans l'ouest de Kyushu et le volet aéroterrestre est prévu jusqu’à dimanche au terrain d'entraînement de Kirishima, selon des sources militaires.

Au total, un sous-marin japonais et dix bâtiments de surface -six japonais, un américain, un australien et deux navires français (le porte-hélicoptères amphibie "Tonnerre" et la frégate "Surcouf") sont engagés dans ces manœuvres, a dit à l'AFP un haut responsable de la marine française. 

Y prennent également part des avions de patrouille maritime japonais, des hélicoptères embarqués, des chasseurs F-2 japonais et des chasseurs-bombardiers F-16 de l'US Air Force.

Les thèmes retenus incluent la navigation tactique, la lutte antinavire, antiaérienne, sous-marine, amphibie, la mobilité aéroterrestre, notamment le mouvement des troupes à partir des porte-hélicoptères, et le combat urbain, selon l'officier français qui précise que l'exercice se déroule avec les "contraintes" des mesures sanitaires de lutte contre le coronavirus.

Manœuvres militaires communes dans le Sud-Ouest du Japon avec des forces françaises et américaines

Défis chinois

Il intervient à un moment où Tokyo cherche à approfondir la coopération en matière de défense au-delà de son principal allié américain, afin de contrer l'affirmation croissante de la présence de la Chine dans les mers régionales, rappellent des experts.

Le Japon proteste régulièrement contre l'arrivée de bateaux chinois autour des îles Senkaku, revendiquées sous le nom de Diaoyu par Pékin.  L'opération d'entraînement revêt un caractère "dissuasif" face au "comportement de plus en plus agressif de la Chine dans la région", a dit à l'AFP Takashi Kawakami, le directeur de l'Institute of World Studies à l'Université Takushoku de Tokyo.

Une alliance quadrilatérale regroupe déjà Etats-Unis, Japon, Inde et Australie. La France, qui a des intérêts stratégiques dans la région Indo-Pacifique, s'est beaucoup rapprochée de ces partenaires ces dernières années.

"La France partage la vision d'une région Indo-Pacifique libre et ouverte", a déclaré le ministre japonais de la Défense Nobuo Kishi en annonçant ces manœuvres militaires. Un communiqué de la marine nippone a souligné que l'objectif de ces dernières était "d'améliorer les compétences pour la protection d'îles"

Côté français, on explique que l'exercice vise à "développer la coopération multilatérale de défense", à "renforcer l'interopérabilité des armées", à "améliorer les savoir-faire tactiques" et à "mettre en oeuvre l'accord de soutien logistique France-Japon".

Les forces françaises impliquées font partie de la mission "Jeanne d'Arc" dont l'objectif est de former des officiers et d'œuvrer à la coopération internationale.  

Le Premier ministre japonais Yoshihide Suga a été le premier dirigeant étranger à être accueilli à Washington par le président américain Joe Biden.

Les deux hommes ont promis de faire face "ensemble" aux "défis" militaires lancés par Pékin, que ce soit vis-à-vis de Taïwan ou dans les espaces maritimes. M. Suga a assuré que Washington et Tokyo s'opposeraient à "toute tentative" chinoise de "modifier le statu quo par la force ou l'intimidation dans les mers de Chine méridionale et orientale".

La Chine a répliqué en dénonçant des "tentatives d'ingérence" dans ses affaires intérieures et de "division" de la région Asie-Pacifique.   

Selon l'agence de presse Kyodo, l'amiral John Aquilino, qui vient d'être nommé à la tête du commandement américain de la région Indo-Pacifique, fera une visite au Japon dans la deuxième moitié de mai.

Le Royaume-Uni cherche également à étendre son influence dans la zone Indo-Pacifique. Fin avril, elle a annoncé que son porte-avions Queen Elizabeth irait d'ici à la fin de l'année dans plusieurs pays de la région, dont le Japon, l'Australie et l'Inde.

Cérémonie d'ouverture des manœuvres militaires communes au Japon avec des forces françaises et américaines