Avenir institutionnel : les réactions calédoniennes après les bilatérales

Les délégations calédoniennes ont été reçues par la Première ministre.
Les délégations indépendantiste et non-indépendantiste ont été reçues par la Première ministre Elisabeth Borne mardi 11 avril, à Paris. Tour d’horizon des réactions.

De nouvelles réunions doivent avoir lieu d’ici à la fin de la semaine prochaine, notamment avec le ministre de l’Intérieur. Elles devraient permettre aux différents mouvements de développer les arguments évoqués mardi 11 avril avec Elisabeth Borne.

"Pas d’autre solution que d’aller vers l’indépendance", pour Roch Wamytan

Seul indépendantiste de la délégation à s’exprimer, le président Roch Wamytan a d’abord rappelé que la délégation "n’avait quasiment pas le mandat du FLNKS" pour aborder les sujets de l’autodétermination ou du corps électoral. "On est venu parce qu’on est arrivé à un point, où on a plus d’autres solutions que d’aller vers la souveraineté du pays. On nous a promis beaucoup de choses depuis ces trente dernières années, le problème c’est que l’Etat revient sur ses positionnements. Nous pensions que c’était des questions qui étaient déjà réglées, notamment sur la question du corps électoral et de l’autodétermination, finalement ils reviennent dessus. On leur reproche aussi [d’être] sortis de leur couloir. Il était clair que au moment de [l’accord] de Matignon, ils devaient être neutres (…] et là on voit bien depuis 2017 qu’ils sont sortis de leur couloir puisque l’Etat a pris position de façon très claire pour le non à l’indépendance."

"Il faut que l’on arrive à se parler entre personnes qui vivent en Nouvelle-Calédonie", estime Sonia Backès

Sonia Backès a, elle, appelé des trilatérales de ses voeux, notamment pour discuter au plus vite du dégel du corps électoral. "Il faut maintenant qu’on arrive à se parler entre personnes qui vivent en Calédonie, On ne va pas continuer à avoir un État qui fait le lien entre les uns et les autres, on doit arriver à une séquence où tout le monde se parle. On est arrivés au bout aussi de la question du corps électoral", a-t-elle déclaré à la sortie de  l’hôtel Matignon. Un point de vue vigoureusement défendu devant la Première ministre : "Les indépendantistes considèrent ils qu’on n’a pas notre place sur cette terre?  Les indépendantistes considèrent ils que nous n’avons pas de légitimité à décider de notre avenir? Considèrent ils qu’ils suffiraient qu’ils se mettent d’accord avec l’Etat pour que l’avenir de la Nouvelle-Calédonie soit scellé, a lancé la secrétaire d’Etat et présidente de la province Sud.

"Se retrouver comme les anciens ont su le faire", le vœu formulé par Virginie Ruffenach

"Nous sommes reçus en bilatérales, les indépendantistes sont reçus en bilatérales, l’Etat fait son travail pour qu’à un moment donné des discussions s’engagent, et ça c’est de la responsabilité de l’ensemble des élus de la Nouvelle-Calédonie. Je rappelle qu’à l’issue de l’accord de Nouméa, on devait se mettre autour de la table, et en fonction du résultat, voir la situation ainsi créée et projeter la Nouvelle-Calédonie vers son avenir. C’est donc une responsabilité qui nous appartient à chacun, et aujourd’hui effectivement nous appelons à nous retrouver comme les anciens ont su le faire dans les précédents accords", a souligné la vice-présidente du Rassemblement-Les Républicains, Virginie Ruffenach.

Philippe Gomès propose un "droit à l’autodétermination profondément revisité"

"En ce qui concerne le corps électoral, nous avons défendu l’idée qu’un peuple doit s’enrichir d’apports nouveaux comme n’importe quel autre peuple et sur le droit à l’autodétermination, nous avons proposé, qu’il soit fondamentalement, profondément revisité. Que l’on n’ait plus des référendums d’autodétermination secs, pour ou contre l’indépendance, mais qu’on ait un référendum qui soit à l’initiative d’une majorité qualifiée, et non plus simplement un tiers des membres du congrès mais deux tiers des membres du Congrès. Ce ne serait plus camp contre camp, mais un référendum pour un projet qu’on construit ensemble. Donc  revisiter ce droit à l’autodétermination sur la forme et sur le fond, voilà les idées que nous avons défendues en face de la Première ministre", a déclaré Philippe Gomès.

Il faut adosser un accord de relance à l’accord politique, pour Nicolas Metzdorf

Pour le député de la 2e circonscription, "il n’y a pas que le corps électoral et l’autodétermination, il y a aussi le développement économique, pour stabiliser nos institutions, pour qu’elles soient plus représentatives de la majorité des Calédoniens". Il faut, estime Nicolas Metzdorf, "adosser à l’accord politique un accord de relance économique, parce que la politique, c’est bien, les institutions, c’est bien, mais je crois que les Calédoniens ont besoin aussi de retrouver du développement économique, de l’emploi et du pouvoir d’achat."