Élection de Donald Trump aux États-Unis : quel impact sur le Pacifique ?

Le Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, a appelé le futur président américain, Donald Trump, pour le féliciter.
Il semble y avoir beaucoup d'incertitudes après la victoire de Donald Trump. Dans certains domaines, le novice républicain s'est montré évasif ou changeant. Le président Trump sera-t-il aussi climatosceptique et isolationniste que le candidat Trump ? 
Peu de réactions dans le Pacifique, pour le moment. Seul le Premier ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Peter O'Neill, a publié un communiqué félicitant Donald Trump pour sa victoire. C'est « un homme d'affaires qui a réussi et qui a maintenant l'occasion de développer sa vision pour les États-Unis et son engagement avec ses partenaires internationaux », souligne Peter O'Neill. Le Premier ministre papou salue aussi Hillary Clinton, « une amie de longue date de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui a fait tomber des barrières et est un modèle pour les femmes papoues ». Hillary Clinton s'était rendue dans le pays en 2010, en tant que secrétaire d'État.
 
Quoiqu'il en soit, la victoire de Donald Trump n'aura pas d'impact immédiat dans la région, fait remarquer Stephen Hoadley, spécialiste des relations internationales à l'université d'Auckland, en Nouvelle-Zélande. D'abord parce que Barack Obama ne passera le flambeau que le 20 janvier prochain et ensuite, parce que les choses ne changent pas du jour au lendemain, explique-t-il :
 
« Quand Donald Trump prendra ses fonctions, il aura évidemment sa propre équipe, son secrétaire d'État, son ministre de la Défense et de nouveaux ambassadeurs, ce qui pourra avoir des conséquences dans notre région. Mais ils devront aussi travailler avec leurs équipes en place actuellement. Par exemple, à Wellington, il y a une vingtaine de personnes qui travaillent à l'ambassade et elles continueront à travailler ici avec le nouvel ambassadeur, qui pourrait ne pas être nommé avant plusieurs mois. Il faut aussi que le Sénat donne son accord. Ça prend du temps. »
 
En matière de politique étrangère, le candidat républicain est resté vague. Seule certitude : le milliardaire est isolationniste, il veut réduire au minimum l'intervention des États-Unis à l'extérieur. Les alliés de Washington en Asie-Pacifique peuvent légitimement s'inquiéter, estime le chercheur Stephen Hoadley :
 
« Il semble vouloir réduire la présence militaire américaine à l'étranger, il estime que les Japonais et les Coréens ne mettent pas suffisamment la main à la poche - et il pourrait bien reprocher cela aussi à l'Australie. Donald Trump entend par ailleurs réduire les importations de produits asiatiques, et notamment chinois, en imposant des droits de douane élevés. Il n'est sûrement pas très favorable à l'aide extérieure et ne connaît probablement rien de la région Pacifique. »
 
 
Le tweet de Donald Trump évoquant le concept de réchauffement climatique créé selon lui par les Chinois.

Ce qui intéresse surtout les dirigeants des États insulaires, c'est la lutte contre le changement climatique. Or, pour le candidat Trump, c'est un « canular », une « invention des Chinois pour nuire à la compétitivité des États-Unis ». Le milliardaire a menacé de retirer les États-Unis de l'accord de Paris scellé à la COP21, il y a un an. Cela semble irréaliste, expose Amanda McKenzie, la PDG du Conseil climatique australien :
 
« Il est important de noter que la mobilisation américaine a été portée par les États - par la Californie, notamment. Il faut aussi souligner que le président Obama a changé la réglementation et ce sera difficile de revenir dessus. Donald Trump aura du mal à revenir en arrière, au plan international comme au plan intérieur. Ce serait un coup dur, bien sûr, s'il cherche à renier l'accord, mais on doit se souvenir que cet accord de Paris ne concerne pas qu'un seul pays. »
Ces dernières années, la coopération entre la Chine et les États-Unis, les deux plus gros émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre, a facilité les négociations au niveau mondial. La victoire de Donald Trump change clairement la donne, souligne Li Shuo, conseiller politique de Greenpeace Chine :
 
« On exhorte le futur président américain à prendre conscience que les États-Unis ont signé un accord fragile avec la Chine, qu'il y a des accords bilatéraux et qu'il doit honorer ces engagements et les objectifs annoncés avec la Chine et lors de la COP21. »
Barack Obama avec le président Xi Jinping.

Un an avant le grand rendez-vous de Paris, Washington a promis de réduire ses émissions de 26 à 28% d'ici à 2025 par rapport à 2005 et Pékin à atteindre son pic d'émissions de CO2 au plus tard en 2030.
 
Les experts craignent que Donald Trump ne revienne sur certains des engagements pris par Barack Obama. Le démocrate a notamment promis le versement de 3 milliards de dollars américains au Fonds vert pour le climat, qui est destiné à aider les pays vulnérables à s'adapter au changement climatique. Et cela concerne en particulier les pays du Pacifique.
 
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Ajoutons que c'est justement aujourd'hui que l'Australie a ratifié l'accord de Paris. Cela « confirme notre objectif ambitieux et responsable », affirme le Premier ministre, Malcolm Turnbull, dans un communiqué. Le pays s'est engagé à réduire ses émissions de 26 à 28% d'ici 2030 par rapport à 2005.
 
Plus tôt dans la journée, Malcolm Turnbull a appelé Donald Trump pour le féliciter et évoquer la suite. D'après le Premier ministre australien, « les Américains savent qu'ils n'ont pas de plus grand allié ni de meilleur ami que l'Australie ».