Montrer sa pièce d’identité avant d’accéder au bureau de vote. Si les électeurs n'ont eu aucun mal à se plier à la règle, cette procédure inhabituelle témoigne d'un contexte, qui quatre semaines après le début des émeutes, demeure très délicat. À Nouméa, l'ensemble des sites accueillant des bureaux ont été sécurisés et surveillés par de nombreux gendarmes et policiers. Un dispositif toutefois cantonné à l'extérieur des bâtiments, comme le prévoit le code électoral.
À l'intérieur, l'ambiance était plus sereine. Dans le site de Ko We Kara, à Ducos, les électeurs ont pu remplir leur bulletin de vote sans problème. Ils venaient des quartiers nord : Tindu, Logicoop, Kaméré ou encore Rivière-Salée. Et la principale difficulté ce dimanche ne concernait pas la sécurité ... Elle résidait surtout dans le fait de trouver le bon bureau.
"Je devais aller à Hibiscus, on m'a envoyé ici et là il faut que je retourne à Courtot parce que ce n'est pas le bon bureau. C'est un peu le parcours du combattant mais je vais faire mon devoir de citoyen même si c'est un peu compliqué aujourd'hui", témoignait un Nouméen en fin de matinée.
Une organisation différente
Au-delà des difficultés logistiques, certains ont également dû s'organiser différemment pour ne pas laisser leur habitation sans surveillance. "Beaucoup d'électeurs ont récupéré d'autres personnes qui avaient peur de venir voter et qui n'étaient pas sûres de pouvoir rentrer chez elles avec ce qui se passe dehors", nous a expliqué Christiane Saridjan, habitante du quartier de Logicoop et présidente du bureau de vote habituellement situé dans son secteur à l'école Daniel Talon, incendiée le 20 mai dernier.
"Il y a eu une solidarité, les gens s'organisent comme ça. Quelques uns restent à la maison pendant que le partenaire va voter et vice-versa", a-t-elle poursuivi.
Aucun débordement signalé
A l’Anse-Vata, les électeurs ont eu moins de mal à se déplacer à la salle omnisports, site le plus important de Nouméa avec 16 bureaux de vote regroupés au même endroit. Et si ces élections n'ont d'une manière générale pas suscité l'engouement des Calédoniens, certains ont tout de même pris leur tâche du jour à coeur, en dépit du contexte actuel.
"L'Europe est très importante dans nos îles et c'est le minimum que je puisse faire", nous a ainsi soufflé une habitante à la sortie du bureau. "C'est l'occasion d'exprimer notre voix, c'est un droit et même un devoir", a abondé une autre électrice, qui n'a pas hésité une seconde à venir en vélo depuis Ouemo pour l'occasion.
A Nouméa, plus de 73 000 électeurs étaient appelés aux urnes. Aucun débordement n'a été signalé aux abords des bureaux de vote de la capitale.
Retrouvez ci-dessous le reportage de Sheïma Riahi et Gaël Detcheverry :