Après une rencontre au haut-commissariat avec les représentants institutionnels et le monde économique, Emmanuel Macron s'est rendu jeudi après-midi au commissariat central de Nouméa pour saluer et remercier les forces de l'ordre qui sont mobilisées depuis le début des émeutes qui frappent la Nouvelle-Calédonie.
"Le moral est bon?" demande le président à un policier.
- "On tient" répond le policier.
- "Merci d'être là, vraiment merci", répond le président qui rencontre ensuite les forces de l'ordre à huis clos dans le commissariat. Il est accompagné des ministres de l'Intérieur des Outre-mer et des Armées Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu.
"On aimerait que ça s'arrête"
Après cet échange à huis clos, Emmanuel Macron s'est rendu dans la cour avec policiers et gendarmes. Il "faut garder la posture qui est la vôtre", dit le président aux forces de l'ordre, même s’il indique qu’il faut "évacuer le traumatisme".
Emmanuel Macron salue ensuite les policiers municipaux. "On aimerait que ça s’arrête", lui dit une policière municipale. La directrice adjointe de la police en Calédonie décrit "des policiers engagés 20h sur 24 lors des premiers jours".
Emmanuel Macron salue les uns et les autres, leur tape sur les épaules, serre les mains. "On en a besoin", dit une gendarme en réponse aux encouragements du président de la République.
"Un mouvement d'insurrection inédit"
Le chef de l'Etat rend ensuite hommage aux deux gendarmes tués, et aux policiers de la BAC gravement blessés. Il décrit un "mouvement d’insurrection inédit". "Votre professionnalisme, c’est l’honneur de la République", dit-il aux forces de l'ordre. "Il faut tenir. On a des points qui sont difficiles à reprendre mais ils seront repris. Il n'y a aucun apaisement tant qu’il y a cette violence-là".
Rencontre avec des jeunes
Après les policiers, Emmanuel Macron est retourné au haut-commissariat pour une rencontre avec une vingtaine de jeunes. Objectif : écouter le ressenti de la jeunesse calédonienne, à travers ces quelques témoignages. "Un échange libre", leur dit le président.
Un jeune professeur d’EPS donne son ressenti : "Les élus n'ont pas réussi à dialoguer entre eux". Le chef de l'Etat lui répond qu'il y a "malgré tout un dialogue qui a continué en parallèle. Le rééquilibrage n’est pas là. Il y a encore beaucoup d’inégalités. C’est un nouveau pacte qu’on doit construire. Je pense qu’il y a un chemin, mais il est très difficile."
"Dans ma rue, y a eu un sentiment d’abandon de l’Etat" dit un jeune homme. Le chef de l'Etat interroge ensuite une jeune femme kanak qui vit dans le Nord et veut s'engager dans l'armée de l'air : "vous avez vu ça arriver ?" Elle lui répond : "Je suis découragée. Je suis kanak, du coup, je suis un peu découragée par la jeunesse. Après c’est un choix. En fait on n’a pas la même mentalité. Les autres jeunes de notre âge ils ont une autre façon de penser. Ils pensent pas à demain".
"Le dégel n'est pas la vraie cause"
Toujours devant ces jeunes, le chef de l'Etat est revenu sur la loi constitutionnelle qui prévoit le dégel du corps électoral. "Il y a eu énormément de dialogue sur ce sujet. On est quand même un drôle de pays. En France on a permis le vote des étrangers aux élections locales. Là on dit à des gens qui sont là depuis plus 10 ans +vous pouvez pas voter.+ Je ne pense pas que le dégel soit la vraie cause. Le troisième référendum a créé de la frustration. On est à la fin d'un processus. Il faut revenir sur un chemin d'avenir. L'acquis des accords, c'est la reconnaissance du peuple kanak comme le peuple premier. Les 40 dernières années ne nous ont pas permis de résorber certaines béances. On a réussi la reconnaissance du passé mais on n’a pas encore réussi la construction de l’avenir."