En Australie, "des phénomènes météorologiques extrêmes" de plus en plus fréquents

En janvier 2020, lors de "l'été noir" : un épais brouillard mélangé à la fumée des feux de brousse remplit le ciel dans la région des Blue Mountains, à environ 75 kilomètres de Sydney.
En Australie, les océans deviennent plus acides, les feux de brousse durent plus longtemps et les sécheresses s'aggravent, selon un rapport sur le climat publié jeudi 31 octobre par des chercheurs.

Le rapport sur l'état du climat en Australie, résultat de la compilation de deux ans de données par l'agence météorologique et l'agence de recherche scientifique, dessine un avenir sombre dans ce pays surchauffé par le soleil, à moins d'efforts draconiens pour réduire les émissions à l'échelle mondiale. "La vitesse du changement est ici au centre de nos préoccupations", commente Karl Braganza, expert climatique pour l'agence météorologique. "La science est très claire : nous devons atteindre zéro émission nette le plus rapidement possible. Évidemment, un tel changement est très difficile et cela ne se fera pas du jour au lendemain", concède-t-il.

Le climat de l'Australie s'est réchauffé en moyenne de 1,51°C depuis 1910, tandis que les températures des océans ont augmenté de 1,08°C depuis 1900. Ce réchauffement alimente des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents, tant sur terre que sur mer. Des océans plus chauds et plus acides sont responsables des phénomènes de blanchissement des coraux dans les eaux tropicales de la Grande Barrière de corail. La célèbre joyaux de la nature a connu cette année l'un des plus sévères cas de blanchissement jamais observé.

Changement de pH des eaux de surface autour de l'Australie entre 1982 et 2022.

Phénomènes extrêmes

Dans certaines régions d'Australie, les pluies se font plus intenses, parfois torrentielles. D'autres régions subissent des sécheresses plus longues et plus sévères. Les scientifiques constatent une nette augmentation des "feux de forêt extrêmes" dans une grande partie de l'Australie depuis les années 1950, ainsi qu'un allongement continu des épisodes d'incendies.

De nombreux Australiens sont encore marqués par les feux de brousse sans précédent de l'"été noir" de 2019-2020, qui avaient rasé des pans entiers de forêt, tué des millions d'animaux et recouvert les grandes villes d'une épaisse fumée. Prédire l'émergence de ces phénomènes météorologiques extrêmes est de plus en plus difficile, observe Karl Braganza, car les modèles de prévision météorologique ne parviennent pas à suivre le rythme des records atteints. "Le nombre de records atteints en matière climatique dans la région australienne et dans le monde est vraiment significatif", a-t-il déclaré.

Evolution du nombre de jours à haut risque d'incendie, entre 1950 et 2024

Exportations de gaz et charbon

"L'un des problèmes est que nos objectifs sont trop éloignés dans le temps. Nous pensons aux conséquences du changement climatique en 2030 ou 2050, mais nous devrions penser davantage à l'été prochain et à l'année qui suit", a déclaré Emma Bacon, membre du groupe de lutte contre le changement climatique Sweltering Cities.

Pour la militante, l'Australie doit agir plus rapidement pour être capable d'affronter les effets du changement climatique en cours. Emma Bacon prévient notamment que les températures dans les grandes villes dépourvues d'ombre ont déjà atteint 50°C, ce qui peut entraîner de graves problèmes de santé pour leurs habitants : "Nous devons entamer des discussions sérieuses sur où et comment nous vivons, et la société civile doit faire partie de ces décisions".

Même si les émissions australiennes ont diminué depuis 2005, le pays doit encore considérablement accélérer ses efforts pour atteindre ses objectifs de 2030, d'après le rapport. L'Australie a connu un certain succès dans le développement des énergies renouvelables, et les Australiens font partie des plus prompts à avoir installé des panneaux solaires à leur domicile. Mais le pays reste toutefois l'un des principaux exportateurs mondiaux de charbon et de gaz, alors même qu'il est de plus en plus dévasté par les effets du changement climatique.