L'ISTC : une lésion dans la viande qui préoccupe

Le nombre de carcasses saisies de gros bovin a triplé en l'espace d'un an sur le territoire. En cause : une trop forte humidité qui peut être constatée dans la viande. Des études sont en cours sur cette problématique peu étendue.

 
Entre 2018 et 2019, 77 carcasses de gros bovins ont été saisies sur le territoire pour cause d'ISTC, cette "infiltration séreuse du tissu conjonctif". L'année suivante, on en a comptabilisé 211. Une augmentation qui inquiète et suscite l'incompréhension chez les éleveurs. Lorsqu'une saisie s'éffectue, la viande est déclarée impropre à la consommation. La carcasse, elle, est transformée en farine animale, sans retombées pour ceux qui ont investi, des années durant, dans la bête. Une situation étudiée de près par le service d’inspection vétérinaire, alimentaire et phytosanitaire.
 

L'ISTC, c'est la rétention et l'infiltration de liquides dans les tissus de la carcasse. Elle est causée par un manque global d'apport nutritionnel et la compléxité de la chose fait que ce manque peut avoir plusieurs origines. -Pauline Gomel, inspectrice vétérinaire


La sécheresse, un des facteurs

Parmi ces origines : les épisodes de sécheresse qui appauvrissent l'herbe broutée par les gros bovins. Le nombre de cas d’ISTC avait fortement augmenté durant la dernière période de chaleur constatée, entre août 2019 et la mi-2020. Les vaches de réforme seraient les plus impactées, mais pour l’heure, de nombreuses questions demeurent.
 
 

Des petits éleveurs, et certains éleveurs plus importants m'ont interpellé parce qu'ils ont été impactés sur des bovins qui, normalement ne devraient pas se trouver dans cette situation. Ils étaient ni trop maigres, ni trop vieux, donc des bovins qu'on aurait dû retrouver sains. On est donc interpellés par ça, mais je rappellerai que ce ne sont que des petits volumes. -Jean-Louis D'anglebermes, membre du gouvernement en charge de l'élevage.

 
Des saisies qui ne concernent que 2% du total des carcasses

Si les saisies ne représentent que 2% du total des carcasses traitées par les abattoirs de l’OCEF, à l’échelle d’un éleveur, c’est une perte sèche de 150 à 250 000 francs par bête. Il faut donc mieux cerner cette inflitration. Une étude a été demandée sur la teneur en eau de la graisse pour mieux qualifier la lésion d’ISTC. Une autre porte sur des prélèvements sanguins sur les bovins à l’abattoir.
 
"Trouver un indicateur d'ISTC, ça c'est la demande des éleveurs. Prenons une situation en exemple : ils ne sont pas sûrs si leurs animaux vont être saisis, ils font une prise de sang et on va identifier l'indicateur qui va bien. La deuxième chose, en allant plus loin, on pourrait trouver l'étiologie de l'ISTC, à ce moment là, il faut faire une étude plus fine" explique Denise Desoutter, chef de service des laboratoires de la Nouvelle-Calédonie.
 

Une aide sur l'anticipation de l'ISTC

A Tontouta, Flavien Pierson élève 550 têtes de bétails. Cette année, six carcasses de ses gros bovins ont été saisies. Comme ses confrères, il attend des autorités une aide sur l’anticipation de l’ISTC et prône une valorisation des carcasses saisies. "On constate notamment qu'il y a des carcasses qui ont une bonne qualité bouchère, qui sont classées dans les meilleures qualités de conformation mais qui sont malgré tout saisies. Ce qui serait possible de faire, c'est de valoriser au moins ces catégories bouchères pour pouvoir les transformer tout de suite et éviter le phénomène d'ISTC", insiste l'éleveur.
Des éleveurs, impactés depuis trois ans par des conditions climatiques difficiles, qui espèrent aussi que la qualité de leur travail ne sera pas remise en cause

Le reportage de Martin Charmasson et Claude Lindor :
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