Enquête Isee : ce que consomment les Calédoniens

En dix ans, le montant des dépenses des ménages calédoniens a peu évolué, selon une enquête publiée par l’Isee. Elles s’élèvent à 330 400 francs par mois, mais l’évolution de leur répartition illustre des changements notables dans nos modes de vie.

Si la dépense des ménages en Nouvelle-Calédonie est inférieure à celle de la Métropole, elle demeure dans la moyenne de l’Outre-mer français, indique l’Institut de statistiques et d’études économiques dans son enquête sur le budget des familles. A eux seuls, le logement, l’alimentation et le transport mobilisent 70% des ressources des ménages, mais ces dépenses ont nettement changé en dix ans.  

  • Plus de locataires, moins de propriétaires

Les Calédoniens sont de moins en moins nombreux à rembourser un crédit immobilier. Ils étaient 22% en 2008, mais n’étaient plus que 14% en 2019.

Les locataires ont vu de leur côté la part de leur loyer augmenté de 1,1 point dans leur budget, pour un loyer moyen de 75 700 francs.

La dépense consacrée au logement (loyer ou traite, auquel s’ajoute les factures d’eau, de gaz et d’électricité) reste la plus importante pour les ménages calédoniens avec une moyenne mensuelle de 88 500 francs.

  • Moins de fait maison, plus de barquettes

En Nouvelle-Calédonie, 20% du budget alimentaire des ménages est dépensé dans les restaurants, bars, snacks, épiceries et services de gamelle. Chaque jour, ce sont ainsi 11 000 barquettes qui se vendent en Calédonie. La vente de barquettes et de plats préparés à emporter ont en effet doublé en dix ans, et représentent 4,3 % du budget alimentaire. Signe selon l’Isee, d’un "style de vie de plus en plus porté vers l’extérieur ou nécessitant moins de préparation".

  • Plus de riz, moins d'alcool

L’augmentation du prix de l’alcool semble bien avoir eu un effet sur la consommation des Calédoniens. Ainsi, la dépense d’alcool est en diminution (-27% en volume par individu) malgré une part plutôt stable dans le budget. Cette baisse en volume, liée à la forte augmentation des prix sur la période, a poussé les consommateurs à ralentir leur consommation et/ou à la reporter vers des boissons alcoolisées moins chères. En effet, les consommations de vin et spiritueux sont en baisse au profit de la bière. En 2019, un ménage consommant de l’alcool y consacre 17 500 francs par mois en moyenne.

Côté alimentation le riz est, après le pain, le féculent préféré des Calédoniens. Sa consommation augmente même de 20% entre 2008 et 2019, encouragé par une baisse des prix sur la période. En 2019, un peu plus de 3 kg par personne sont consommés chaque mois. Attention tout de même à une remontada des pâtes : elles restent moins plébiscitées mais sont en nette progression et représentent désormais la moitié du riz aussi bien en termes de quantité consommée que de budget.

  • Moins de voitures, plus de déplacements

Les achats de véhicules, qui représentaient la principale dépense de transport en 2008, sont maintenant au deuxième rang, devancés par les frais d’utilisation des véhicules. En d’autres termes, les ménages ont préféré s’investir davantage dans la maintenance de leur véhicule que dans le remplacement de celui-ci. Le marché de l’automobile a en effet connu un recul sur la période. Le nombre de voitures achetées a diminué de 14% en dix ans. Le marché du neuf est celui ayant enregistré la plus forte baisse (-47%), témoignant d’un report des achats vers le marché de l’occasion, pour lequel la dépense est en conséquence restée stable.

Malgré tout les Calédoniens se déplacent plus, en témoigne la hausse des dépenses de carburant et de services de transport.

Enfin, "le transport aérien international bénéficie de l’envie d’évasion des Calédoniens dont le nombre de voyages a augmenté de 29% entre 2008 et 2019", note l’Isee. Des chiffres appelés à évoluer, la crise sanitaire ayant changé la donne depuis la fin de l’étude.

  • Plus d’Internet, moins de cigarettes

La dépense en service de communication a doublé en volume entre 2008 et 2019. Une augmentation qui s’explique par le développement de l’Internet mobile (inexistante faute de service il y a dix ans) et par la hausse du nombre de logements connectés à Internet, passée de 38% à 61% sur la période.

A l’inverse, la consommation de tabac a elle nettement ralentie mais elle occupe une part plus importante du budget des ménages en 2019. En effet, la forte hausse du prix des cigarettes depuis 2008 a eu pour effet de ralentir la consommation et/ou de la reporter vers le tabac à rouler dont la dépense en volume augmente sur la période. Comme pour l’alcool, la forte hausse des prix du tabac compense la baisse de la consommation, plombant le budget des ménages fumeurs, qui consacrent ainsi 19 300 francs par mois au tabac.

Le reportage télévisé de Thérèse Waïa et Philippe Kuntzmann :