Des négociations reportées sur fond de divisions politiques en Australie. "Nous pouvons confirmer que nous allons retarder d'un mois le prochain cycle de négociations commerciales, mais ce n'est pas la fin de ces négociations", a indiqué à Bruxelles Miriam Garcia Ferrer, porte-parole de la Commission européenne pour le Commerce.
"Le cycle commercial de l'ALE a été reporté d'un mois jusqu'en novembre", avait déclaré auparavant à l'AFP un responsable de l'UE à Canberra.
"Les négociations de l'ALE privilégient toujours la substance plutôt que la rapidité et il reste de nombreuses questions ouvertes à négocier. Un report d'un mois nous permettra également de mieux nous préparer", a expliqué Mme Garcia Ferrer.
Le ministre australien du Commerce, Dan Tehan, qui devait se rendre en Europe pour les négociations, a également minimisé la décision dans une déclaration à l'AFP. "Nous comprenons la réaction de la France à notre décision concernant les sous-marins, mais en fin de compte, toute nation doit agir dans son intérêt national - ce qu'a fait l'Australie", a-t-il déclaré.
M. Tehan a indiqué qu'il prévoyait de rencontrer le commissaire européen au commerce Valdis Dombrovskis la semaine prochaine.
"Nous continuerons à nous préparer pour le 12e cycle de négociations et à travailler à la conclusion d'un accord de libre-échange qui soit dans l'intérêt de l'Australie et de l'UE", a-t-il déclaré.
Le mois dernier, l'Australie a rompu sans avertissement le contrat portant sur l'achat de douze sous-marins français à propulsion conventionnelle pour une valeur de 90 milliards de dollars australiens (55 milliards d'euros), choisissant d'acheter à la place des navires à propulsion nucléaire de conception américaine.
Cette décision a provoqué un conflit diplomatique majeur avec la France, qui a déclaré publiquement qu'elle ne pouvait plus faire confiance au gouvernement australien, accusant les fonctionnaires de mentir et remettant en question la poursuite de l'accord commercial.
Le gouvernement français a rappelé ses ambassadeurs de Canberra et de Washington, une mesure rare pour protester contre le comportement des alliés.
L'ambassadeur de France est retourné aux États-Unis mercredi, mais rien n'indique
pour l'instant que l'ambassadeur d'Australie Jean-Pierre Thebault reviendra.
Tensions politiques en Australie
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a déclaré cette semaine que son successeur avait "délibérément trompé" la France en abandonnant l'accord qui avait été confirmé le 2 mai 2016, à Canberra, en présence de l'ancien Premier ministre français Manuel Valls, à son retour de Nouvelle-Calédonie.
Le Premier ministre Scott Morrison "n'a pas agi de bonne foi. Il a délibérément trompé la France", a déclaré M. Turnbull devant la presse à Canberra.
"La France estime avoir été trompée et humiliée, et elle l'a été. Cette trahison de la confiance va marquer nos relations avec l'Europe pendant des années", a-t-il ajouté.
L'UE est le troisième plus grand partenaire commercial de l'Australie. En 2020, les échanges de biens entre les deux économies ont été évalués à 36 milliards d'euros et à 26 milliards d'euros pour les services.
Le prochain cycle de négociations devait porter sur des domaines tels que le commerce, les services, les investissements et les droits de propriété intellectuelle.
Les négociations commerciales ont débuté en 2018 et les négociateurs avaient espéré parvenir à un accord final d'ici la fin de l'année. Mais l'Australie et la France se dirigeant toutes deux vers des élections début 2022, ce calendrier semble désormais optimiste.