Gilbert Tyuienon, premier vice-président de l'UC : "Il n'y aura pas d'accord isolé sur le corps électoral, sans un accord global"

L'invité du Jt ce dimanche 25 juin, Gilbert Tyuienon. ©nouvellecaledonie
Le premier vice-président de l’Union calédonienne, et membre éminent du FLNKS, était l’invité du JT le dimanche 25 juin. Il est revenu sur les dernières discussions bilatérales avec l’Etat, qui se sont tenues à Nouméa début juin, et la perspective du dégel du corps électoral provincial.

Il y a quelques semaines, l'annonce avait pris de court de nombreux observateurs : au terme de sa visite sur le territoire, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin déclarait que "chacun désormais est d'accord pour discuter de l'ouverture du corps électoral pour les élections provinciales". Une avancée majeure, après que les indépendantistes aient toujours refusé de le faire évoluer, comme l'explique, dans le reportage ci-dessous, Valentin Deleforterie. 

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Vers la "solution consensuelle" d'Elisabeth Borne ? 

La semaine dernière, devant le Sénat, la question du corps électoral était au centre d'un échange entre Pierre Frogier et la Première ministre Elisabeth Borne. Celle-ci déclarait : "Un gel indéfini du corps électoral provincial questionnerait nos principes démocratiques comme nos engagements internationaux.(...) des échanges techniques sont actuellement organisés par le haut-commissaire à Nouméa et je suis persuadée qu'une solution consensuelle peut être trouvée sur ce point comme sur les autres." 

Un discours résolument optimiste qui fait sourire Gilbert Tyuienon, invité ce dimanche 25 juin du journal télévisé. Pour le membre du FLNKS, également vice-président de l'Union calédonienne, "il ne faut pas tirer des plans sur la comète. Le cap du FLNKS reste le même. Il s'agit pour l'heure de discussions techniques. On parle du corps électoral au regard du droit de vote mais pour nous, le corps électoral ne se résume pas à ça. Tel que négocié dans l'Accord de Nouméa, il est la mise en place d'une citoyenneté en Nouvelle-Calédonie, également des droits et des devoirs de ses citoyens. C'est aussi la question de certains privilèges sur l'emploi. Autant de choses sur lesquelles nous ne sommes pas allés au bout après toutes ces années d'Accord de Nouméa."


Pour autant, Gilbert Tyuienon estime que la décision de discuter du dégel du corps électoral prouve que le FLNKS prend ses responsabilités. Et qu'il souhaite avancer sur tous les sujets liés à son projet d'indépendance. En acceptant de parler d'un dégel, "nous avons voulu sauver la discussion [avec l'Etat] car le FLNKS est dans la discussion. Quand s'ouvrira le temps des négociations, ce sera une autre question. Si on avait eu envie que les choses périclitent, nous n'aurions pas accepté d'ouvrir ces chantiers que sont le corps électoral, les futures institutions du pays, les transferts de compétences..."

Les conditions posées à un accord sur le corps électoral

Au sortir de ces bilatérales, Gilbert Tyuienon rappelle que les indépendantistes n'oublient pas "la date d'humiliation du 12 décembre", comme il l'a dit ailleurs, et ne perdent pas de vue leur "trajectoire", qui doit mener la Nouvelle-Calédonie à sa souveraineté. "On était parti d'un très mauvais pied après que l'Etat [a] validé la troisième consultation alors que nous, le FLNKS, ne validions pas ce scrutin. Et nous ne le validerons jamais. Aujourd'hui, nos chemins sont parallèles. Nous voulons une trajectoire qui nous mène à l'indépendance. De son côté, l'Etat dit que les trois Non signifient le maintien de la France ici.

Des visions très opposées, qui conduisent le FLNKS à toujours refuser de discuter avec ses homologues non indépendantistes. En revanche, le Front laisse sa chance au dialogue avec l'Etat malgré certains malentendus. "Le ministre Darmanin dit qu'on a donné notre accord pour l'ouverture du corps électoral. Non, nous n'avons pas donné notre accord. Ce n'est pas ce que nous avons dit", recadre Gilbert Tyuienon. "Nous avons dit OK pour ouvrir le chantier du corps électoral. C'est tout. Il n'y aura pas d'accord isolé, il nous faut savoir où nous allons, donc il nous faudra un accord global. Ensuite, le reste des sujets que sont (…) le fonctionnement des institutions, les transferts de compétences [viendra] consolider le projet qu'on aura ensemble déterminé.

Les indépendantistes favorables à une durée minimale de résidence de dix ans 

Lors des dernières bilatérales à Nouméa, le ministre Darmanin a proposé une durée de sept ans de résidence pour être inscrit sur les listes électorales, ainsi que l'intégration de 11 000 natifs pour l'instant exclus du vote. Les non indépendantistes proposent de leur côté, que les électeurs soient domiciliés en Nouvelle-Calédonie depuis deux à cinq années. Les indépendantistes ont évoqué le chiffre de dix ans. 

"C'est une durée comme une autre", explique l'invité du JT. "Personnellement j'avais demandé quinze-vingt ans, on est finalement resté sur dix ans (…) Dix ans signifie qu'il faut remonter à 2014. Après, s'il faut bouger le curseur, on le bougera. Mais uniquement si l'objectif qu'on se fixe sur le projet d'avenir de notre pays nous convient et convient à tous les Calédoniens."